International

Narcotrafic : La veuve d’un Colombien tué par frappe américaine affirme qu’il était simple pêcheur.

Alejandro Carranza, un homme de 40 ans, a été tué par une frappe américaine alors qu’il était accusé de transporter de la drogue sur son embarcation. Selon le président colombien Gustavo Petro, « le bateau colombien était à la dérive avec un signal de détresse » et Alejandro Carranza « n’avait aucun lien avec le trafic de drogue ».


Une mort brutale qui a choqué sa famille. Les proches d’Alejandro Carranza affirment qu’il est sorti de chez lui, dans les Caraïbes colombiennes, pour aller pêcher en haute mer. Quelques jours plus tard, il a été tué par une frappe américaine, accusé de transporter de la drogue sur son bateau.

Dans la ville côtière de Santa Marta, dans le nord de la Colombie, sa famille rejette les accusations dirigées contre cet homme de 40 ans, qu’ils décrivent comme un simple pêcheur.

« Les pêcheurs ont le droit de vivre »

C’était un « homme bien », déclare sa veuve, Katerine Hernandez, dans une interview à l’AFP. « Pourquoi lui ont-ils enlevé la vie de cette manière ? », s’indigne-t-elle. « Les pêcheurs ont le droit de vivre. Pourquoi ne les ont-ils pas simplement arrêtés ? », s’interroge-t-elle.

Le gouvernement américain a diffusé des déclarations et des images censées montrer des frappes effectuées depuis début septembre en mer des Caraïbes sur au moins sept bateaux, accusés de transporter de la drogue et faisant au moins 32 morts. Principalement au large du Venezuela, mais également de la Colombie. L’AFP n’a pas pu vérifier de façon indépendante ce bilan.

Frappes américaines

Depuis le début de ces frappes, les critiques ont accusé l’administration de Donald Trump de procéder à des exécutions extrajudiciaires. Le président colombien Gustavo Petro, critique de la présence militaire américaine en mer des Caraïbes, a également déclaré qu’Alejandro Carranza était innocent.

Selon le dirigeant de gauche, « le bateau colombien était à la dérive avec un signal de détresse » car son moteur était en panne. « Il n’avait aucun lien avec le trafic de drogue. Son activité quotidienne était la pêche. »

Précédente condamnation

D’après les médias colombiens, le quadragénaire avait été condamné pour le vol de plus de 200 armes appartenant aux forces de l’ordre, en collaboration avec des groupes criminels. Le parquet colombien, contacté par l’AFP, n’a pas fourni d’informations à ce sujet.

Avant de partir pêcher pour la dernière fois, Alejandro Carranza a dit à son père, Alejandro Elias Carranza, qu’il se rendait dans une zone où « il y avait du bon poisson », témoigne ce dernier. Il est resté sans nouvelles de son fils pendant plusieurs jours, jusqu’à ce qu’il apprenne le bombardement en regardant la télévision.

Sans nouvelles

La famille affirme avoir reconnu son bateau en feu dans les vidéos de l’attaque américaine diffusées par les médias internationaux le 15 septembre.

César Mesa, un pêcheur qui connaissait Alejandro Carranza depuis son enfance, indique que son ami devait se rendre en haute mer pour pêcher le sierra, le thon et le vivaneau, présents dans les eaux éloignées du rivage, surtout à cette période de l’année.

Il revenait toujours à Santa Marta, « amarrait son bateau et rentrait chez lui. Je ne lui ai jamais connu de mauvaises actions », assure-t-il.

Déploiement américain

Gustavo Petro a récemment dénoncé l’ « assassinat » d’Alejandro Carranza et a accusé les États-Unis d’avoir violé l’espace maritime colombien.

Suite à ces déclarations, Donald Trump a qualifié Gustavo Petro de « baron de la drogue » et a annoncé l’arrêt des aides financières américaines destinées à Bogota.

Le déploiement de navires de guerre américains en mer des Caraïbes depuis août a exacerbé les tensions avec la Colombie, mais surtout avec le Venezuela du président Nicolás Maduro, accusé par Washington de diriger une vaste organisation de trafic de drogue.

Les autorités vénézuéliennes démentent fermement toute implication dans le narcotrafic et affirment que l’administration Trump cherche à imposer un changement de régime à Caracas et à s’emparer des importantes réserves de pétrole du pays.