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Mozambique : TotalEnergies et ExxonMobil relancent leurs projets gaziers après 4 ans.

TotalEnergies et le groupe pétrolier américain ExxonMobil ont annoncé avoir relancé leurs projets gaziers au Mozambique après plus de quatre ans de suspension. Le projet de TotalEnergies, qui représente un investissement de 20 milliards de dollars, espère reprendre la production en 2029 et viser à exporter du gaz naturel liquéfié (GNL) par bateau.


Les « affaires » reprennent au Mozambique. Après plus de quatre ans de suspension, TotalEnergies et le groupe pétrolier américain ExxonMobil ont annoncé avoir relancé leurs projets gaziers dans ce pays d’Afrique de l’Est.

Le projet de TotalEnergies, dont la société est maître d’œuvre et premier actionnaire avec 26,5 % des parts, concerne d’importantes réserves sous-marines de gaz situées au large de la province du Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique. Ce projet devait initialement faire de Maputo l’un des principaux exportateurs mondiaux de gaz d’ici 2025.

Cependant, les attaques de groupes djihadistes dans cette région à majorité musulmane, ayant provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes, ont fragilisé les projets de plusieurs géants pétroliers, qui ont fini par les suspendre après une offensive dans la ville de Palma en mars 2021 (environ 800 morts d’après l’Acled).

Les groupes avaient invoqué la « force majeure », un terme juridique utilisé lorsque des circonstances exceptionnelles empêchent la continuation d’un chantier et l’exécution des contrats qui y sont liés. Le groupe espère reprendre la production sur le site en 2029, représentant un investissement de 20 milliards de dollars et visant à exporter du gaz naturel liquéfié (GNL) par bateau.

Fin octobre, TotalEnergies a demandé au gouvernement mozambicain une compensation pour le surcoût lié au retard, qu’il évalue à 4,5 milliards de dollars, en plus d’une extension de la concession de dix ans pour compenser les quatre ans et demi perdus. Maputo, qui doit encore donner son feu vert, est actuellement en train d’auditer les pertes occasionnées.

Le Royaume-Uni a cependant retiré son soutien financier au projet, le considérant trop risqué. « Les risques ont augmenté depuis 2020 », a déclaré le ministre du Commerce, Peter Kyle, lors d’une intervention au Parlement. Le financement britannique, qui aurait pu atteindre 1,15 milliard de dollars, « ne servira pas les intérêts de notre pays ».

TotalEnergies fait l’objet de deux procédures judiciaires en France, notamment pour homicide involontaire, dans le cadre de ce projet, mené dans cette région instable où l’insurrection djihadiste a causé plus de 6 300 morts depuis 2017, selon l’ONG Acled. L’entreprise est visée par une enquête judiciaire pour homicide involontaire suite à des plaintes de survivants et de familles de victimes de l’attaque de Palma, qui lui reprochent de ne pas avoir assuré la sécurité de ses sous-traitants.

De plus, elle est visée à Paris par une plainte pour « complicité de crimes de guerre, torture et disparitions forcées », déposée par l’ONG allemande European Center for Constitutional and Human Rights. Cette plainte fait suite à des témoignages recueillis par Politico, accusant des soldats mozambicains chargés de la protection du site d’avoir commis des exactions mortelles contre des villageois.

Contacté lundi par l’AFP, TotalEnergies a renvoyé à un ancien communiqué, dans lequel il conteste « de façon catégorique » l’affirmation de Politico selon laquelle il « aurait eu, ou aurait pu avoir, connaissance des actes de violence dénoncés dans l’article ».

Antoine Bouhey, de Reclaim Finance, a ajouté que cette annonce « doit être un électrochoc pour Crédit Agricole et Société Générale qui refusent toujours de retirer leur soutien ». ExxonMobil a également levé la force majeure sur son projet au Mozambique, espérant débuter la production en 2030.

Les projets de TotalEnergies, d’ExxonMobil, ainsi qu’un autre mené par l’Italien ENI « pourraient faire du Mozambique un des dix premiers producteurs mondiaux (de gaz), contribuant à 20 % de la production africaine d’ici 2040 », d’après un rapport de Deloitte de 2024.

En janvier 2020, le président mozambicain de l’époque, Filipe Nyusi, avait annoncé son intention de créer un fonds souverain destiné à investir dans l’économie du pays, financé par les revenus escomptés de l’exploitation gazière.