Maroc : Découverte des corps de 12 migrants à la frontière algérienne
Entre le 6 et le 12 décembre, dans la province de Jerada, les corps de 12 migrants originaires d’Afrique subsaharienne ont été découverts. D’après l’AMSV, depuis 2017, plus de 76 décès ont été recensés dans cette zone.
Nouveau drame à la frontière nord entre le Maroc et l’Algérie. Entre le 6 et le 12 décembre, dans la province de Jerada, les corps de 12 migrants originaires d’Afrique subsaharienne ont été retrouvés.
Plusieurs d’entre eux sont « principalement morts de froid et de faim », selon des responsables hospitaliers, a rapporté ce lundi l’Association d’aide aux migrants en situation vulnérable (AMSV), basée à Oujda, une ville proche de la frontière algérienne. Cette association s’est rendue dans la province de Jerada le 6 décembre après avoir reçu des informations concernant des victimes, a expliqué son président, Hassan Ammari. « Le délégué provincial du ministère de la Santé à Jerada nous a confirmé la présence de six corps », a-t-il déclaré. Le 12 décembre, lors d’une nouvelle visite de l’association dans la région, « six autres corps ont été découverts », a-t-il ajouté.
### Un fossé de la mort
Selon l’AMSV, il pourrait s’agir de personnes cherchant à rejoindre d’autres pays d’Afrique du Nord depuis le Maroc ou de migrants ayant récemment franchi la frontière algérienne pour entrer au Maroc. « D’année en année, nous constatons l’augmentation des décès dans cette région », a déploré Hassan Ammari, soulignant que les températures peuvent descendre jusqu’à -5 °C entre la mi-novembre et fin janvier et que de nombreux migrants ne disposent que de vêtements légers. Parmi les personnes décédées se trouvent notamment une femme et un jeune homme de 20 ans originaires de Guinée Conakry, ainsi qu’une Nigériane née en 1996 et un Camerounais né en 1999.
En ce qui concerne les causes des décès, Hassan Ammari a également évoqué la dangerosité d’un fossé situé du côté algérien (mesurant 4,5 mètres de large sur 4 mètres de profondeur), jouxtant un grillage élevé du côté marocain. Ce fossé se remplit d’eau lorsque les rivières voisines débordent par temps de pluie. « C’est un fossé de la mort », destiné notamment à « empêcher tout passage », a-t-il expliqué, affirmant que des personnes y tombent souvent de nuit ou à l’aube et se noient en raison de la boue qui entrave toute remontée. Depuis 2017, plus de 76 décès ont été recensés dans cette zone selon l’AMSV, parmi lesquels des migrants également originaires du Tchad et du Soudan. Hassan Ammari a alerté « les autorités marocaines et algériennes sur la dangerosité de ce fossé » depuis 2018, appelant au respect du « droit à la vie ».

