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Manifestations en Indonésie : Vingt personnes sont portées disparues depuis le début de la contestation

La situation ne cesse de se tendre en Indonésie, secouée par de violentes manifestations depuis la fin du mois d’août. Et les associations alertent sur le sort des opposants : selon la Commission pour les personnes disparues et les victimes de violences (KontraS), une organisation locale de défense des droits humains, au moins 20 personnes sont portées disparues depuis le début de la contestation.

KontraS a précisé que les 20 personnes ont été portées disparues dans les villes de Bandung, Jakarta et Depok, ville proche de la capitale ainsi que dans un « lieu inconnu ». Contactée par l’AFP, la police nationale n’a pas réagi dans l’immédiat.

Six morts

Le contexte fait craindre le pire, alors que six personnes sont déjà mortes depuis le début des mobilisations, lancées le 25 août pour protester contre une indemnité versée aux députés. Les manifestations ont ensuite dégénéré après la mort jeudi à Jakarta d’un chauffeur de moto-taxi écrasé par un fourgon de police.

Les Nations unies ont réclamé lundi l’ouverture d’enquêtes rapides, approfondies et transparentes sur les six morts et sur « l’usage disproportionné de la force par les forces de l’ordre ».

Par ailleurs, 1.240 personnes ont été arrêtées à Jakarta depuis le 25 août, a déclaré l’inspecteur général de la police métropolitaine de la capitale, Asep Edi Suheri, a rapporté l’agence de presse d’État Antara.

Pour tenter de répondre aux revendications, le président Prabowo Subianto, général controversé au pouvoir depuis moins d’un an, a annoncé la suppression d’une indemnité qui devait être versée aux députés. En rendant visite à des policiers blessés dans un hôpital, il a stigmatisé les manifestants et a souligné que les manifestations devaient se terminer au coucher du soleil.

De nouvelles manifestations prévues

Mais la colère ne retombe pas. Lundi, des milliers de personnes ont de nouveau manifesté dans plusieurs villes d’Indonésie. A Bandung, des manifestants ont lancé des cocktails Molotov sur un bâtiment du conseil provincial, avant que la police ne tire dans la nuit des gaz lacrymogènes sur des « anarchistes présumés » qui bloquaient une route. Les forces de police ont également accusé les manifestants d’avoir tenté de les attirer sur un campus de l’Université islamique de Bandung et de « provoquer un conflit », a déclaré Hendra Rochman, porte-parole de la police de Java occidental, dans un communiqué mardi. Sur les réseaux sociaux, plusieurs personnes ont affirmé que la police avait tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc et avait pris d’assaut le campus.

À Gorontalo (Célèbes), des affrontements ont opposé des manifestants à la police, qui a riposté à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau. D’autres manifestations de masse ont eu lieu à Palembang (Sumatra), Banjarmasin (Bornéo), Makassar (Célèbes) et à Yogyakarta (Java).

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L’armée s’est déployée dans les rues de Jakarta. Environ 500 personnes se sont aussi rassemblées devant le Parlement à Jakarta, sous la surveillance de dizaines de soldats et policiers, avant de se disperser dans le calme. De nouvelles manifestations sont attendues dans la journée devant le Parlement, à l’appel notamment d’une coalition de groupes de femmes.