Madagascar : Le président dissout l’Assemblée nationale, même en fuite.
Le président malgache Andry Rajoelina a dissous mardi par décret l’Assemblée nationale avant un vote le visant pour abandon de poste. Des milliers de manifestants se sont encore rassemblés mardi à Antananarivo, comme depuis le 25 septembre, mobilisés par le collectif Gen Z et des fonctionnaires appelés à la grève par plusieurs syndicats.
La situation à Madagascar se détériore de plus en plus. Aux manifestations de grande envergure s’ajoute une instabilité politique sérieuse. Le président malgache Andry Rajoelina, en fuite et contesté, a dissous l’Assemblée nationale par décret mardi, avant un vote qui visait son abandon de poste. La veille, il avait exclu toute démission en appelant à « respecter la Constitution », lors de sa première déclaration depuis un endroit tenu secret, suite au soutien des militaires à la contestation qui secoue le pays ce week-end.
« Conformément aux dispositions de l’article 60 de la Constitution, l’Assemblée nationale est dissoute », a indiqué un décret publié sur la page Facebook de la présidence, dont l’authenticité a été validée par l’entourage du président. « Ce choix s’impose pour rétablir l’ordre au sein de notre nation et renforcer la démocratie », a-t-il justifié dans un message sur les réseaux sociaux qui a suivi.
Élu en 2018 et réélu en 2023 pour un mandat de cinq ans lors d’un scrutin boycotté par l’opposition, Andry Rajoelina se trouvait sous la menace d’un vote visant son « empêchement temporaire », qui nécessitait la majorité des deux tiers de l’Assemblée nationale.
Des députés de l’opposition affirmaient avoir recueilli suffisamment de signatures pour convoquer un vote au cours d’une session extraordinaire mardi, considéré comme justifié par une vacance du pouvoir, le président ayant, selon la radio française RFI, quitté le pays dimanche à bord d’un avion militaire français.
Ce week-end, une unité militaire, le Capsat, qui avait joué un rôle clé dans le coup d’État de 2009 ayant propulsé Andry Rajoelina au pouvoir à la suite d’une mobilisation populaire, a appelé les forces de sécurité à « refuser de tirer » sur les manifestants. Cette unité a ensuite rejoint les manifestants au cœur de la capitale. Selon la Constitution, les élections législatives doivent se tenir « soixante jours au moins et quatre-vingt-dix jours au plus après le prononcé de la dissolution ».
L’incertitude règne encore sur cette île très pauvre de l’océan Indien, où des milliers de manifestants se sont à nouveau rassemblés mardi à Antananarivo. Comme depuis le 25 septembre, il s’agit principalement de jeunes mobilisés par le collectif Gen Z, rejoints désormais par des fonctionnaires appelés à la grève par plusieurs syndicats.
Des pancartes anti-françaises ont également fait leur apparition, a constaté une équipe de l’AFP dans la capitale malgache. « Dégage la France », « Dégage Rajoelina et Macron » pouvait-on y lire. « Je ne confirme rien aujourd’hui », avait déclaré le président français Emmanuel Macron la veille, en réponse à une question sur l’exfiltration d’Andry Rajoelina.

