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Macron et Scholz relancent la « locomotive » franco-allemande, des divergences demeurent

Conseil des ministres franco-allemand à l’Élysée, discours conjoint à la Sorbonne et dîner en tête à tête : le programme était ambitieux pour célébrer les 60 ans du traité de l’Élysée. Le 22 janvier 1963, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer avaient signé un traité d’amitié, plaçant la relation bilatérale franco-allemande, « le couple », comme aiment à l’appeler les Français, au cœur de la construction européenne. Un tandem qui a été ébranlé par la réunification de l’Allemagne, les élargissements successifs de l’Union européenne et, récemment, par la crise sanitaire, l’invasion de l’Ukraine ou encore le défi d’apporter des réponses communes dans les relations avec les États-Unis et la Chine.

L’harmonie à l’affiche

À l’issue d’un Conseil des ministres franco-allemand à l’Élysée, les deux dirigeants se sont attachés à afficher tous les points de convergence et ont annoncé une avancée dans les infrastructures européennes d’hydrogène, avec l’extension du projet de pipeline franco-portugais-espagnol HEMed à l’Allemagne.

Ils ont ainsi défini une « ligne commune » en faveur d’une réponse européenne « ambitieuse et rapide » aux subventions industrielles américaines en matière de transition énergétique, a déclaré Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse commune, sans préciser comment cet effort sera financé. Cette action doit reposer sur la « simplicité » et une « plus grande visibilité sur nos dispositifs d’aide », a ajouté le chef de l’État français, à la manœuvre ces derniers mois pour convaincre les pays européens, et notamment l’Allemagne, d’engager un plan tout aussi massif que celui des États-Unis pour éviter la désindustrialisation de l’Europe.

Concernant la livraison de chars Leclerc à l’Ukraine, « rien n’est exclu », a déclaré Emmanuel Macron, en soulignant que cela devait s’apprécier « collectivement », une antienne reprise par le chancelier. « La manière dont nous avons agi par le passé est toujours étroitement coordonnée avec nos amis et alliés et nous continuerons à agir en fonction de la situation concrète », a dit Olaf Scholz en référence notamment aux États-Unis et à la France.

Toujours plus de chemin à parcourir

Mais les deux dirigeants n’ont pas caché leurs positions restées très éloignées sur un projet de bouclier antimissile européen que Berlin souhaite réaliser avec des technologies israéliennes et américaines déjà existantes alors que Paris plaide pour une solution européenne, sur la base d’un système franco-italien. Le président français a, lui, dit souhaiter « dans les prochaines semaines » travailler avec l’Allemagne et la Pologne notamment pour tenter de faire émerger une « stratégie commune » et « d’aller vers le maximum de souveraineté technologique et industrielle » sur cette question.