L’État souverain non-territorial proclamé par la communauté rom : explications.
Pour la première fois dans l’histoire, des représentants de tribus roms se sont unis diplomatiquement pour établir leur propre Etat rom souverain et non territorial. Le document, frappé du drapeau rom, a été signé le 9 octobre par des représentants de familles roms de nombreux pays, indique le document.
« Pour la première fois dans l’histoire, des représentants de tribus roms se sont unis diplomatiquement pour établir leur propre État rom souverain et non territorial. » Cette déclaration solennelle est émise par la nouvelle Roma Intelligence & Administration Agency (RIAA), qui annonce, via un communiqué de presse, la signature de la déclaration de Haarlem (Pays-Bas), instituant la création d’un État rom souverain non territorial. Ce document, arborant le drapeau rom, a été signé le 9 octobre par des représentants de familles roms de divers pays, comme l’indique le texte (en anglais).
« Cette proclamation pose les fondations d’une nouvelle ère pour la représentation, l’enregistrement, la diplomatie et l’héritage culturel du peuple rom », affirment les signataires. Cette nouvelle entité, qui est une revendication du peuple rom et de ses représentants depuis des décennies, repose sur trois piliers : la représentation diplomatique à travers l’ambassade des tribus roms unies, l’enregistrement et la protection de l’identité via la RIAA, et le développement d’un écosystème numérique et financier, précise le document.
Le système constitué par ces trois piliers « permet aux Roms de se connecter avec le monde sans perdre leur identité ». L’intention derrière la création de cet État est « d’être visibles en tant que partenaires égaux au sein de la communauté mondiale », selon Aleksandar Gavrilovic, président de la RIAA et initiateur de la proclamation. Le texte souligne que « le peuple rom […] n’appartient à aucune lutte, aucun parti ni puissance territoriale » et réclame « une reconnaissance de valeur » pour « ses histoires, ses symboles, sa musique, son art et sa langue en tant qu’héritage partagé de l’humanité ».
Ce texte semble avant tout symbolique, notamment en raison de l’absence de participation d’organisations représentant les Roms, comme l’Union internationale des Roms, ONG ayant un statut consultatif auprès de l’ONU et du Conseil de l’Europe. Néanmoins, les signataires ont affirmé que « des centaines de lettres officielles » seront envoyées dans les mois à venir par la RIAA « à des gouvernements, des maisons royales, des chefs religieux et des institutions internationales pour leur faire part de la proclamation et les inviter à coopérer ».
Victime de persécutions et de discriminations, la communauté rom est surtout présente en Europe, où elle constituerait la minorité ethnique la plus importante, avec 10 à 12 millions de personnes, d’après le Conseil de l’Europe. Les Roms sont particulièrement représentés en Roumanie, où leur nombre serait estimé à 1,8 million, ainsi qu’en Bulgarie, en Hongrie, en Espagne ou en Slovaquie. En France, leur population est évaluée à 400.000, soit 0,62 % de la population.
Cette communauté inclut, en plus des Roms, des Sintés (Manouches), des Kalés (Gitans), des personnes s’identifiant comme tsiganes, et celles désignées comme gens du voyage. Si les Roms sont historiquement nomades, entre 80 et 85 % de ceux vivant en Europe sont aujourd’hui sédentaires, tandis que les quelques groupes qui voyagent encore tendent également à se sédentariser, selon le Conseil de l’Europe.

