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Les Etats-Unis réduisent leur présence militaire en Europe.

L’administration de Donald Trump a décidé d’amorcer un réajustement de sa présence militaire sur le flanc Est de l’Europe, une brigade américaine déployée en Roumanie étant rapatriée sans remplacement prévu. Environ 900 à 1.000 soldats américains resteront en Roumanie, contre 1.700 actuellement.


L’administration de Donald Trump a choisi de procéder à un ajustement significatif de sa présence militaire sur le flanc Est de l’Europe. Une brigade américaine actuellement déployée en Roumanie sera rapatriée, sans plan de remplacement. Le Pentagone précise toutefois qu’il ne s’agit « ni d’un retrait américain d’Europe ni d’un engagement réduit envers l’Otan », mais simplement d’un « ajustement » de posture.

D’après les autorités de Bucarest, entre 900 et 1 000 soldats américains resteront sur place, contre 1 700 auparavant. Le ministre roumain de la Défense, Ionut Mosteanu, a déclaré que « les capacités stratégiques restent inchangées », notamment en ce qui concerne le système antimissile de Deveselu et la base aérienne de Campia Turzii.

L’Otan, informée à l’avance, souligne que de tels mouvements ne sont « pas inhabituels » et que la présence américaine en Europe reste « plus importante qu’avant 2022 », année de l’invasion russe en Ukraine. Cependant, cette annonce suscite des inquiétudes dans la région où le conflit persiste à quelques centaines de kilomètres.

Pour George Scutaru, ancien conseiller à la sécurité nationale du président roumain et directeur du think tank New Strategy Center, cette décision envoie « un mauvais signal à la Russie ». Il estime que Moscou pourrait interpréter cela comme un signe que « la mer Noire n’est plus une priorité pour les intérêts américains ». Il exhorte les Européens, notamment la France, à « renforcer leur présence militaire pour compenser » cette réduction.

La France, qui dirige les forces de l’Otan en Roumanie, voit sa ministre des Armées, Catherine Vautrin, se rendre à Bucarest. Un membre de son entourage a confirmé que la défense du flanc Est resterait « robuste » et que Paris « continuerait d’assumer son rôle de nation-cadre ».

Dans le reste de l’Europe, cette décision américaine n’aura pas d’effet immédiat. En Allemagne, où se trouve le principal contingent américain en Europe, le gouvernement a indiqué qu’il n’était pas concerné. Près de 85 000 soldats américains sont actuellement stationnés en Europe, un nombre qui avait temporairement dépassé les 100 000 après le début de la guerre en Ukraine.

Pour certains analystes, ce retrait marque une étape dans la réorientation stratégique des États-Unis. « Ce n’est pas une surprise ni un changement de cap radical », souligne Guillaume Lasconjarias, directeur de la recherche à l’IHEDN. Washington continue de se recentrer vers l’Asie, une tendance accentuée depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.

Le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, avait déjà incité les alliés européens à prendre leurs responsabilités en février, affirmant qu’ils devaient « prendre la responsabilité de leur propre sécurité conventionnelle sur le continent ». Un message clair : les États-Unis demeurent engagés dans l’Otan, mais attendent de l’Europe qu’elle assume davantage sa défense.