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Les Etats-Unis redoutent un afflux « chaotique » de migrants avec la levée d’une mesure emblématique

Le gouvernement de Joe Biden redoute un afflux de milliers de migrants. Les villes frontalières sont sous pression.

Interrogé par des journalistes mardi soir à la Maison Blanche sur l’état de préparation des Etats-Unis face à cette évolution réglementaire, M. Biden a répondu: « On verra bien. Ça va être chaotique pendant un moment ».

Il avait discuté plus d’une heure dans l’après-midi avec son homologue mexicain Andres Manuel Lopez Obrador.

« Nous avons réaffirmé l’accord pour continuer à travailler ensemble sur des problématiques comme la migration avec une dimension humaniste (…) et, surtout, sur la coopération pour le bien-être des populations les plus pauvres de notre continent », a tweeté le président mexicain.

Pour beaucoup de migrants, envisager le retour peut être difficile : « Il y a ce sentiment d’avoir échoué »

Etat d’urgence déclaré dans plusieurs villes texanes

Selon un communiqué de la Maison Blanche, les deux dirigeants ont également convenu de poursuivre leur initiative qui, « depuis quatre mois, a permis d’enregistrer une baisse de 95% du nombre d’arrestations à la frontière (américano-mexicaine) de Cubains, Haïtiens, Nicaraguayens et Vénézuéliens ».

Au Texas, les municipalités d’El Paso, Brownsville et Laredo ont déclaré l’état d’urgence pour fluidifier la prise en charge des nombreux candidats à l’exil –venus principalement d’Amérique latine mais aussi de Chine, de Russie ou de Turquie– déjà sur place.

A El Paso, des centaines de personnes dorment dans les rues, protégées du soleil par des draps ou allongées sur des cartons, pendant que des enfants mendient.

Le maire Oscar Leeser s’attend à une vague de « 12.000 à 15.000 personnes » en fin de semaine: jusqu’à 10.000 migrants patientent dans la ville mexicaine voisine de Ciudad Juarez, selon un récent comptage de ses services. D’autres doivent arriver dans les prochains jours.

Le « Titre 42 » a été activé en 2020 par l’administration de l’ex-président Donald Trump au nom de la lutte contre la pandémie de Covid-19. Son successeur en avait prolongé la validité.

L’accueil des migrants est-il une utopie?

Système d’asile réactivé

Dans la pratique, cette mesure a surtout empêché l’accès au système d’asile américain: les migrants dépourvus de visa étaient refoulés, sans pouvoir déposer de demande.

A partir de vendredi, ce sera de nouveau possible et les candidats à l’exil pourront voir leur dossier traité par la justice. Un processus qui peut prendre plusieurs années.

La fin de ce dispositif d’exception suscite l’ire des conservateurs, dont certains considèrent que les Etats-Unis sont désormais en « état de siège ».

Le gouverneur du Texas Greg Abbott a annoncé mobiliser la garde nationale de son Etat pour surveiller la frontière.

Le dossier est épineux pour Joe Biden, qui vient d’annoncer sa candidature pour un second mandat en 2024. Si la droite lui fait un procès en laxisme, les associations de défense des migrants l’accusent de mener une politique migratoire pas si différente de celle de Donald Trump.

Entre message d’humanité et discours ferme, le président livre un numéro d’équilibriste. Son administration a décidé d’envoyer 1.500 soldats supplémentaires à la frontière avec le Mexique, pour épauler les 2.500 soldats assistant déjà la police aux frontières.

Durcissement des expulsions

Le gouvernement insiste sur les voies légales d’immigration.

Selon les nouvelles règles qui s’appliqueront à partir de vendredi, les migrants entrés clandestinement aux Etats-Unis pourront demander l’asile mais il leur sera plus difficile de prouver le bien-fondé de leur demande.

Les personnes déboutées seront expulsées vers leur pays d’origine ou vers le Mexique et ils ne pourront pas déposer de nouvelle demande pendant plusieurs années.

Mais les dysfonctionnements répétés du système frustrent de nombreux demandeurs d’asile, dont certains tentent simplement leur chance en attendant au poste-frontière.

La tension a encore augmenté au Texas depuis que huit migrants ont été tués dimanche à Brownsville par un conducteur qui les a fauchés à un arrêt de bus, devant un centre d’accueil d’immigrants. Le suspect a, selon la police, brûlé un feu rouge et a été inculpé d’homicide involontaire.

Et un automobiliste s’est présenté lundi devant ce même centre et a montré une arme de poing à l’un des gardes, ont indiqué les forces de l’ordre.