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Les Etats-Unis mettent un nouveau coup de pression sur le Panama pour l’obtention du précieux canal

On pensait que le prochain conflit majeur viendrait de la Chine versus Taïwan ou du Moyen Orient, mais non, tout cela pourrait se passer au Panama. Comme quoi, la géopolitique a ses raisons que la raison ignore. Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a remis une pièce dans la machine en menaçant dimanche le petit pays de « mesures » en l’absence de « changements immédiats » sur le canal de Panama. Courageux ou inconséquent, le président d’Amérique centrale José Raul Mulino a lui proposé des discussions « techniques » aux Etats-Unis et dit ne pas croire à une intervention militaire.

Dès le jour de son investiture, le 20 janvier, Donald Trump a dit vouloir en « reprendre » le contrôle pour contrer l’influence de la Chine. Lors de son entretien avec le président Mulino, Marco Rubio a déclaré que « la position actuelle d’influence et de contrôle du Parti communiste chinois sur la zone du canal de Panama constitue une menace pour le canal et représente une violation du traité concernant la neutralité permanente et le fonctionnement du canal », selon la porte-parole du département d’Etat, Tammy Bruce.

La Chine en plein milieu de l’Amérique

Aussi, Marco Rubio « a clairement indiqué que ce statu quo était inacceptable et qu’en l’absence de changements immédiats, les Etats-Unis devraient prendre les mesures nécessaires pour protéger leurs droits en vertu du traité », a-t-elle ajouté.

« La Chine fait tourner le canal de Panama », a insisté Donald Trump, plus tard dimanche, auprès de journalistes à Washington. Construit par les Etats-Unis et inauguré en 1914, le canal de Panama est passé sous contrôle panaméen fin 1999, en vertu de traités signés en 1977 par les présidents de l’époque, l’Américain Jimmy Carter et le Panaméen Omar Torrijos.

Le Panama recule… un peu

Au terme de sa rencontre avec Marco Rubio, le président panaméen a annoncé que son pays ne renouvellerait pas le mémorandum d’accord sur la participation du pays au projet mondial chinois d’infrastructures dit des « Nouvelles routes de la soie ».

Conclu en 2017, ce mémorandum avait fait du Panama le premier pays de la région à s’associer à ce programme de Pékin. Il est renouvelé tous les trois ans par tacite reconduction, la prochaine échéance étant en 2026. José Raul Mulino a par ailleurs proposé des discussions au niveau « technique » avec les Etats-Unis pour répondre aux préoccupations de Donald Trump.

Pas de menace réelle ?

« Je n’ai pas l’impression qu’il y ait une menace réelle en ce moment contre le traité, la validité et encore moins l’utilisation de la force militaire pour prendre le contrôle du canal, je n’ai pas cette impression », a-t-il encore dit.

Le secrétaire d’Etat a ensuite visité le canal de Panama, voie maritime reliant les océans Atlantique et Pacifique, par laquelle transite 40 % du trafic de conteneurs américain. Selon Washington, l’influence croissante de la Chine autour du canal menace les intérêts américains et pourrait permettre à Pékin de bloquer cette voie maritime stratégique en cas de conflit.