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Les arrestations de républicains avant le passage du carrosse royal créent la polémique au Royaume-Uni

Des motivations étonnantes

Les agents avaient été informés qu’ils devaient être extrêmement vigilants et proactifs”, indiquait un communiqué justificatif, publié lundi soir par les forces de police. “Compte tenu des informations dont ils disposaient et des préoccupations générales en matière de sécurité, six personnes ont été arrêtées parce qu’elles étaient soupçonnées de s’équiper pour s’accrocher sur le parcours, en violation de l’article 2 de la loi de 2023 sur l’ordre public (Public Order Act 2023). ” Elles ont été maintenues à l’arrêt pendant seize heures, avant d’être libérées.

Le communiqué indique que 46 autres arrestations “ont eu lieu notamment pour empêcher une violation de la paix et une conspiration visant à causer une nuisance publique”. Il conclut pourtant : “Nous regrettons que les six personnes arrêtées n’aient pas pu rejoindre le groupe de manifestants à Trafalgar Square et ailleurs sur l’itinéraire du cortège. ”

Quelques heures plus tard, trois policiers se sont rendus chez Graham Smith pour lui “rendre [son] téléphone et les sangles de bagages”, a expliqué ce dernier sur son compte Twitter. “J’ai précisé que ces excuses n’étaient pas acceptées et que nous allions prendre d’autres mesures”, probablement judiciaires. L’intéressé a de bonnes raisons d’être en colère. Interrogé par La Libre il y a deux semaines, il nous avait raconté avoir “parlé à la police à plusieurs reprises et elle n’a aucune inquiétude quant à nos projets”. Et d’affirmer : “Nous n’avons pas l’intention de causer de réelles perturbations”. La suite des événements lui aura donné tort.

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Une arrestation contre-productive

En plus de faire parler de Republic et de ses objectifs, l’action préventive de la police a provoqué la réprobation de nombreux députés et journalistes, de tous les courants politiques. L’ancien ministre David Davis, réputé pour sa lutte en faveur des libertés individuelles, s’est ainsi désolé que “dans la semaine suivant l’entrée en vigueur de la loi sur l’ordre public et lors de sa première utilisation sérieuse, nous nous retrouvons avec le chef de la police obligé de s’excuser auprès de personnes arrêtées à tort”.

La loi sur l’ordre public est en effet entrée en vigueur le 3 mai, soit trois jours avant le couronnement. Comme l’avaient alors indiqué les forces de l’ordre, elle “donnera à la police le pouvoir d’empêcher les perturbations lors des grands événements sportifs et culturels qui auront lieu cet été en Angleterre et au Pays de Galles”. Les policiers chercheront spécifiquement “des objets tels que des cadenas, de la Super Glue et des outils de creusage s’ils soupçonnent que les personnes interpellées sont en train de perturber” la vie des Britanniques.

Une loi qualifiée de “pas nécessaire et disproportionnée” par Volker Türk, le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. Celui-ci considère que la police détient déjà les pouvoirs nécessaires “pour agir contre les manifestations violentes et perturbatrices”. À ses yeux, “il est particulièrement inquiétant que la loi étende les pouvoirs de la police en matière d’interpellation et de fouille des personnes, y compris sans soupçon. Elle définit certaines des nouvelles infractions pénales de manière vague et excessivement large. Elle impose des sanctions pénales inutiles et disproportionnées aux personnes qui organisent des manifestations pacifiques ou qui y prennent part”.

S’attacher à un immeuble ou à une route est ainsi condamnable de six mois de prison et d’une “amende illimitée”.