L’entraîneur de l’équipe de foot palestinienne vit dans une tente à Gaza.
Ehab Abou Jazar entraîne l’équipe de foot palestinienne à Doha et reçoit des encouragements par téléphone de sa mère, Oum Ehab, qui vit dans une tente à Gaza après la destruction de leur maison. L’équipe nationale palestinienne est actuellement classée 96e au classement FIFA et espère se qualifier pour les quarts de finale de la Coupe arabe de la FIFA en affrontant la Syrie ce dimanche.
Ehab Abou Jazar entraîne l’équipe de football palestinienne à Doha. Sa mère, Oum Ehab, qui vit déplacée dans une tente à Gaza, est sa principale source de motivation, d’inspiration et de conseils. La guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, a mis fin au championnat de football et aux activités des clubs sur le territoire palestinien dévasté. Les athlètes en exil s’inquiètent pour leurs familles restées sur place.
Malgré cela, Oum Ehab refuse de laisser le conflit nuire aux aspirations sportives de son fils, l’encourageant et lui prodiguant des conseils par téléphone depuis sa tente à Gaza, où elle réside après la destruction de la maison familiale, raconte-t-il à l’AFP. Les échanges entre mère et fils se font lorsque le réseau le permet. « Elle et le reste de la famille font tout pour suivre nos matchs à la télévision. Ils anticipent l’utilisation du générateur et l’achat d’essence », précise-t-il.
« Elle ne me parle de rien d’autre que de l’équipe et du championnat ! » déclare avec le sourire cet homme de 45 ans, qui vit à Doha. « Elle me demande des nouvelles des joueurs, qui sera titulaire, qui sera absent, elle s’interroge sur la stratégie et le moral de l’équipe ». Ancien arrière-gauche, Ehab Abou Jazar cherche à transmettre l’optimisme de sa mère à ses joueurs. « Nous disons toujours que nous sommes une petite famille palestinienne » représentant l’ensemble de la population, explique-t-il. « Cela nous met bien sûr sous pression, mais c’est une pression positive ».
L’équipe nationale palestinienne est actuellement classée au 96e rang du classement FIFA, et ses espoirs de participer à sa première Coupe du monde en juin prochain se sont évanouis cet été après un match nul contre Oman en Jordanie. Néanmoins, les joueurs, dont la plupart n’ont jamais mis les pieds à Gaza, aspirent à atteindre les quarts de finale de la Coupe arabe de la FIFA. L’équipe palestinienne affronte ce dimanche la Syrie lors de son dernier match de groupe, et un match nul suffirait à leur qualification, réalisant ainsi un exploit sans précédent.
Cela démontrerait au monde que les Palestiniens peuvent « exceller dans tous les domaines » s’ils disposent des bonnes conditions, espère Abou Jazar, qui a mis fin à sa carrière de joueur en 2017 avant de devenir le sélectionneur de l’équipe nationale en 2024. Avec ses joueurs, il suit le conflit à Gaza depuis Doha, inquiet pour ses proches, déplacés comme la majorité des Gazaouis.
« C’était une pression mentale, particulièrement au début de la guerre », explique-t-il, alors qu’une fragile trêve est en vigueur à Gaza entre Israël et le Hamas depuis le 10 octobre, sous pression du président américain Donald Trump. « Nous ne comprenions pas ce qui se passait. Mais nous avons la résilience dans les gènes », assure le coach. « Si nous renonçons, nous disparaîtrons en tant que peuple ».
Lorsque l’équipe joue, elle a le sentiment d’apporter un peu de répit à la population gazaouie, épuisée après deux ans de guerre. « C’est ce qui nous fait tenir debout et nous motive, apporter de la joie à notre peuple », déclare le quadragénaire. « Tout ceci nous pousse à nous battre sur le terrain, jusqu’à notre dernier souffle ».

