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Le Royaume-Uni choqué par le report du voyage de Charles III en France

La France décrite comme en proie à l’anarchie

Et la surprise est visiblement de taille. La plupart des médias britanniques n’avaient en effet guère suivi de près le déroulement du mouvement populaire contre la réforme des retraites françaises. Des manifestations comme la France en a l’habitude, pensaient-ils. Désormais, celles-ci sont devenues des débordements menés par des “voyous” jetant la France en pleine “anarchie”, aux yeux du magazine ultra-conservateur The Spectator. Le gouvernement français a nié avoir repoussé la venue du roi et de la reine consort pour des questions de sécurité, le ministre de l’intérieur Gérard Darmanin ayant promis le déploiement de quatre mille agents de police selon le quotidien proche du gouvernement conservateur The Times. Mais The Telegraph, quotidien ultra-conservateur, a cité le tag découvert dans Paris demandant à Charles III s’il “connaît la guillotine ?

Le journal de centre-gauche The Guardian cite de son côté l’annonce du groupe CGT Culture “que nous n’assurerons ni les ameublements, ni les tapis rouges, ni les pavoisements” prévus autour de la visite royale. Même s’il a omis de nommer le reste du communiqué : “Nous sommes solidaires des travailleurs anglais, en particulier de la culture (British Museum, Wallace Collection…) qui sont en grève depuis des semaines pour l’augmentation des salaires. ” Le Royaume-Uni est en effet lui aussi criblé par les grèves à répétition depuis le mois de décembre, même si aucune d’entre elles n’a dégénéré dans la violence à ce stade.

Charles III et Emmanuel Macron : leur dîner controversé à Versailles compromis ?

Les violences policières pointées du doigt

Ce changement de date de dernière minute a poussé tous les médias britanniques à se concentrer sur la situation en France pour tenter d’en comprendre les raisons. Les chaînes de télévision ont multiplié les images sur les affrontements dans les rues de Paris et le feu mis à la porte de la mairie de Bordeaux. Ils ont aussi largement exposé les violences policières, inimaginables au Royaume-Uni. Preuve de la différence incroyable entre les comportements des forces de l’ordre considérés comme acceptables chez les deux voisins, il y a trois ans les médias et l’opinion publique britanniques s’étaient insurgés lorsque des policiers avaient piétiné quelques bouquets de fleurs déposés en l’honneur d’une femme assassinée lors d’une veillée funèbre…

Même si The Times cite le quotidien français Le Figaro et son assertion que l’annulation de la visite aura un impact de poids sur la réputation de la France à l’étranger, un réflexe traditionnel des quotidiens conservateurs, c’est surtout celle du président Emmanuel Macron qui en sort affaibli. “Les collaborateurs d’Emmanuel Macron craignaient que le banquet à Versailles n’attise les démangeaisons révolutionnaires”, analyse The Telegraph, à la ligne aussi bien anti-révolutionnaire qu’anti-Macron. Les tabloïds The Daily Mail et The Sun, qui ont le président français en horreur, se moquent de leur côté de son intervention télévisée désastreuse de mercredi, qui a mis le feu aux poudres. Et l’interpelle : “Trop tard, on a vu ta montre de luxe”, après que le président l’ait retiré discrètement sous la table. The Times cite également nombre de ses opposants, notamment le député vert Julien Bayou qui accuse “l’obstination de son président” d’être responsable de l’incapacité du pays à “accueillir dignement un de ses plus proches alliés”.

En attendant, Emmanuel Macron et Charles III se sont donné rendez-vous au début de l’été.