AlgérieInternational

Le Maroc tourne le dos à l’artillerie française au profit d’une entreprise d’armement israélienne

Le groupe israélien Elbit Systems a récemment remporté un important contrat avec le Maroc pour la fourniture de 36 canons d’artillerie automoteurs Atmos 2000, montés sur des camions tchèques Tatra. Cette décision marque un tournant pour les Forces armées royales (FAR), qui étaient jusqu’à présent équipées du système Caesar, conçu par la société française KNDS.

Un contrat qui échappe à la France

Initialement, tous les signaux semblaient indiquer une nouvelle commande marocaine en faveur du Caesar, notamment après un rapprochement diplomatique notable entre Rabat et Paris en octobre 2024 et une première acquisition du système français en 2020. Cependant, selon des sources concordantes, c’est finalement Elbit Systems qui a décroché le marché, profitant d’une relation déjà bien établie entre le Maroc et l’industrie de défense israélienne.

À LIRE AUSSI : Tebboune : « L’Algérie et le Maroc devront mettre un terme à cette situation un jour »

Ce revirement intervient dans un contexte international tendu, marqué par l’arrêt des bombardements israéliens sur Gaza, qui ont causé plus de 47 000 morts. Mais au-delà du contexte géopolitique, ce sont surtout les problèmes liés au Caesar qui ont poussé Rabat à explorer d’autres options.

Des tensions entre Rabat et KNDS France

Depuis la livraison des premiers exemplaires du Caesar en 2022, des tensions sont apparues entre les FAR et KNDS France. L’armée marocaine a signalé des défaillances récurrentes sur les systèmes livrés, des problèmes qui n’ont pas été résolus avec la réactivité attendue. Selon certaines sources, plusieurs canons ne seraient toujours pas pleinement fonctionnels.

À LIRE AUSSI : Tebboune refuse leur exploitation : Que savons-nous sur les « terres rares » en Algérie ?

Ce manque de suivi, combiné à l’absence de geste commercial de la part du fabricant français, a exaspéré les autorités marocaines. Elbit Systems a su tirer parti de cette insatisfaction en proposant une alternative jugée plus fiable et flexible, avec l’Atmos 2000.

Une stratégie d’achat militaire marocaine en évolution

Le choix du Maroc de se tourner vers Elbit Systems n’est pas un cas isolé. Dès 2022, Rabat avait déjà opté pour le système de défense antimissile Barak MX, fabriqué par Israel Aerospace Industries (IAI), pour un montant de plus de 500 millions de dollars. Cette transaction avait eu lieu peu après la visite du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, qui avait conduit à la signature d’un accord de coopération en matière de défense.

À LIRE AUSSI : Algérie – Israël : Tebboune pose les conditions à la normalisation

En 2024, le Maroc a également passé une commande de deux satellites Ofek 13 à IAI, pour un montant d’un milliard de dollars, constituant ainsi le plus gros contrat signé entre les deux pays depuis les accords d’Abraham. Cette transaction a d’ailleurs écarté le constructeur européen Airbus, confirmant l’orientation du royaume vers une diversification de ses fournisseurs militaires.

L’échec de KNDS France au Maroc représente une déconvenue majeure pour l’industrie de défense française. Il affecte également Arquus, qui espérait vendre des véhicules de soutien aux FAR dans le cadre d’un partenariat plus large. Ce dossier illustre la volonté de Rabat de privilégier des partenaires réactifs et capables d’apporter des solutions adaptées à ses besoins militaires, au détriment des alliances historiques.