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L’Autriche, premier pays de l’UE à mettre fin au regroupement familial des réfugiés

C’est une première dans l’UE. Le nouveau gouvernement autrichien a annoncé mercredi son intention de mettre fin au regroupement familial des réfugiés, pour « protéger » le pays alpin face à l’afflux de ces dernières années. Un décret va désormais être publié et « d’ici mai, dans quelques semaines à peine, cet arrêt deviendra réalité », a déclaré la ministre de l’Intégration Claudia Plakolm, à l’occasion du Conseil des ministres à Vienne.

« Nous avons atteint les limites de nos capacités d’accueil », a-t-elle affirmé, le gouvernement disant vouloir « protéger les systèmes » de santé, d’emploi et d’éducation. Selon l’élue conservatrice, « la probabilité d’une intégration réussie diminue à chaque nouvelle arrivée ». La tâche est « titanesque » alors que de nombreux réfugiés ont du mal à apprendre l’allemand, à trouver un travail et une place dans les écoles.

Durcissement des politiques migratoires

Cette mesure, en vigueur pour six mois dans un premier temps, pourra être prolongée jusqu’en mai 2027. Elle intervient dans un contexte de durcissement des politiques migratoires de plusieurs Etats membres de l’UE, sur fond d’ascension de l’extrême droite.

En Autriche, le parti nationaliste FPÖ a signé fin septembre une victoire historique aux législatives. Et s’il a échoué à former une coalition, il reste de très loin le premier parti du pays dans les sondages. Le chancelier conservateur Christian Stocker, au pouvoir depuis début mars avec les sociaux-démocrates et les libéraux, est donc sous pression pour maintenir une ligne dure.

L’Autriche, qui a vu affluer les réfugiés sur son sol lors de la crise migratoire de 2015, dit avoir observé « une nette hausse » des arrivées de membres de la famille de ceux ayant obtenu l’asile ou ayant droit à une protection subsidiaire parce que leur pays d’origine est considéré comme dangereux.

7.800 en 2024

En 2023, ils étaient près de 9.300 et l’an dernier 7.800 dans un pays de 9,2 millions d’habitants. L’écrasante majorité vient de Syrie et sont déjà concernés par une telle restriction de leurs droits, annoncée après la chute du président Bachar al-Assad en décembre 2024.

Plusieurs associations de défense des droits humains ont critiqué la décision du gouvernement. « Il faut justifier d’une situation d’urgence » pour pouvoir stopper le regroupement familial, « ce qui n’est pas le cas en Autriche », a réagi auprès de l’AFP Lukas Gahleitner, porte-parole de l’ONG Asylkoordination Österreich, qui compte déposer un recours en justice.