L’Allemagne permet à sa police d’abattre tous les drones suspects.
Le gouvernement allemand a annoncé l’ouverture de la chasse aux drones, permettant désormais aux forces de police d’abattre des drones survolant des sites sensibles. Un « centre de défense antidrones » sera également mis en place pour coordonner l’action des polices fédérale et des Länder.
Ce mercredi, le gouvernement allemand a annoncé l’autorisation de la chasse aux drones. Les forces de police en Allemagne pourront désormais abattre des drones, après des survols de sites sensibles en Europe, que les autorités suspectent d’être des tentatives d’intimidation et d’espionnage menées par la Russie.
Le ministre de l’Intérieur, Alexander Dobrindt, a présenté des amendements législatifs pour renforcer les capacités de la police fédérale, qui pourra « agir avec des technologies de pointe face aux menaces constituées par les drones ».
Un « centre de défense antidrones » sera également créé pour coordonner l’action entre la police fédérale et les Länder, les États régionaux allemands.
Dobrindt a aussi indiqué être en « échange intensif » avec des pays expérimentés dans le domaine, notamment Israël et l’Ukraine, qui subissent des attaques russes fréquentes. Il a mentionné un budget « en millions d’euros à trois chiffres », ce qui équivaut à un minimum de 100 millions d’euros, sans fournir de calendrier, précisant que l’équipement dépendra des capacités de production des industriels.
La police aura la responsabilité de protéger « les aéroports, les gares », ses propres infrastructures ainsi que les institutions fédérales. Jusqu’à présent, un flou juridique empêchait l’abattage des drones en Allemagne. Cependant, cette question est devenue pressante face à l’augmentation des survols suspects de sites sensibles sur le territoire allemand et en Europe.
Le week-end précédent, l’aéroport de Munich a été paralysé à plusieurs reprises en raison de survols. De plus, le Land du Schleswig-Holstein a été survolé à de multiples reprises par des drones.
Le chancelier Friedrich Merz a déclaré que Moscou était « probablement » responsable de ces incidents. Il a fréquemment accusé Vladimir Poutine de mener une « guerre hybride » contre les Occidentaux. Merz, dont le pays soutient fortement l’Ukraine, a ordonné des investissements importants dans la défense et l’armement après des années de sous-financement.
Face à une Russie de plus en plus menaçante et à des alliés américains en retrait, l’Allemagne se positionne comme un leader du réarmement européen. Les incidents impliquant des drones, des sabotages, ainsi que des campagnes de désinformation et d’influence, se sont multipliés.
D’autres pays européens ont également été touchés par ces survols. En septembre, la Pologne a même subi une incursion de drones russes en provenance d’Ukraine, tandis que l’Estonie a constaté la violation de son espace aérien par trois chasseurs russes armés.
Lors de leur dernier sommet à Copenhague, les dirigeants de l’UE ont évoqué la création d’un « mur antidrones » pour assurer leur protection, projet qui comprend une série de solutions technologiques et militaires. L’utilisation de drones d’attaque et le développement de systèmes de défense antiaérienne sont devenus des enjeux majeurs dans la guerre en Ukraine, où les forces russes et ukrainiennes innovent constamment pour prendre l’avantage.
Suite aux perturbations à l’aéroport de Munich, la Bavière a présenté un projet de loi visant à faciliter l’abattage de drones par sa police régionale. Ce texte prévoit notamment la fin de l’« interdiction d’armement des drones » utilisés par la police, afin qu’ils puissent « attaquer directement un autre drone », a expliqué le ministre de l’Intérieur Joachim Herrmann.

