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La Turquie, pays risqué pour les investisseurs en raison de sa politique économique

Les agences de notation, qu’Erdogan dénonce depuis une décennie, ont été impitoyables avec les obligations de l’État turc en monnaie locale, et même étrangère. Les Moody’s, Fitch et S&P considèrent toutes qu’investir dans celles-ci est “très spéculatif”. La raison en est la baisse continue de la livre turque depuis 2008, et plus encore depuis la tentative de coup d’État en 2016.

Comparée à des pays similaires, comme le Brésil, le Mexique ou l’Indonésie, la Turquie est un pays risqué, en raison de sa politique économique, où le président, pour combattre l’inflation, fait baisser les taux d’intérêt”, note un expert bancaire international, qui demande l’anonymat.

Or la théorie dominante veut que, pour combattre l’inflation, il faut hausser les taux d’intérêt.

L’heure des comptes a sonné pour le père Noël Erdogan

Fuite des investisseurs depuis 2016

La politique menée par le président Erdogan a fait fuir massivement les investisseurs étrangers. Au début 2016, les non-résidents étaient encore 21 % à détenir des obligations d’État en livres turques. En avril de cette année, ils n’étaient plus que 0,9 %. Et ce ne sont pas les injections massives de capital saoudien, russe ou émirati qui pourront faire la différence, selon les experts.

Dans une note publiée le 4 mai, Goldman Sachs a exprimé sa “prudence” à l’égard des banques turques. Celles-ci ont été obligées en novembre par le gouvernement turc à prêter à des taux plus bas et à acheter des obligations d’État à faible taux. Ceci les met dans une situation difficile au cas où le prochain gouvernement est obligé ou souhaite, comme l’opposition, revenir à l’orthodoxie financière. “Il y a un fort risque de turbulence financière pour le prochain gouvernement”, pronostique l’expert. “Il faudra augmenter les taux d’intérêt. Ceci fera baisser l’inflation mais créera une récession économique. Il faudra un gouvernement solide”.

La baisse de la livre turque a permis de booster les exportations turques, mais a coûté cher à la population, y compris aux électeurs qui votent traditionnellement pour Erdogan et son parti islamo-conservateur. Elle a aussi pesé sur les importations dont la Turquie a besoin pour poursuivre ses multiples projets industriels.