La Tunisienne Amira Ghenim lauréate du Prix Fragonard de littérature étrangère

La quatrième édition du Prix Fragonard de littérature étrangère a couronné Amira Ghenim et sa traductrice Souad Labbize parmi les dix finalistes, tous non francophones, pour des œuvres traduites et publiées en français entre août 2024 et février 2025.
Le Prix Fragonard distingue chaque année un ouvrage écrit par une femme, traduit en français et publié en France entre le 1er août 2024 et le 28 février 2025. Il s’accompagne d’une dotation de 5000 euros remise à l’autrice, et de 2000 euros attribués à la personne en charge de la traduction.
Un jury éclectiques
Huit jours à Arles sont également promis à la lauréate du prix, désignée parmi une liste de dix finalistes. Pour départager les autrices encore en lice, douze personnes constituent le jury. Ainsi, Jakuta Alikavazovic, écrivaine et traductrice, Élise Boghossian, fondatrice de l’ONG Élise Care,Clara Dupont-Monod, écrivaine, éditrice et journaliste, Liya Kebede, mannequin et actrice, et Olivia de Lamberterie, écrivaine et journaliste ont rejoint le jury.
À leurs côtés se trouvent Maria Larrea, écrivaine, réalisatrice et scénariste, Daniel Medin, professeur de littérature, Mathieu Palain, écrivain et journaliste, Danielle Cillien-Sabatier, libraire, Alina Gurdiel, directrice littéraire, Agnès Costa, PDG de Fragonard, et Charlotte Urbain, directrice culture et communication Fragonard.
L’histoire d’un pays, le combat des femmes
Ensemble, ils ont jeté leur dévolu sur l’écrivaine Amira Ghenim et sa traductrice Souad Labbize, pour Le désastre de la maison des notables (Philippe Rey). Dans ce roman, l’autrice fait voyager son lecteur dans la Tunisie des années 1935.
Un scandale ébranle deux familles bourgeoises que tout oppose : les Naifer, conservateurs, et les Rassaa, progressistes. Zbeida Rassaa, jeune épouse de Mohsen Naifer, est accusée d’entretenir une liaison avec Tahar Haddad, intellectuel engagé en faveur des droits des femmes.
À travers une construction chorale et des récits entremêlés, le roman déroule sur plusieurs décennies les conséquences de cette nuit décisive, et révèle peu à peu les secrets enfouis, et les retournements inattendus d’un drame familial et politique.
Des membres des deux familles aux domestiques, chaque voix enrichit cette fresque ambitieuse qui embrasse plus de cinquante ans d’histoire tunisienne — de la lutte pour l’indépendance à la révolution de 2011 — tout en éclairant les luttes pour l’émancipation des femmes.
Le roman primé d’une autrice engagée
Née en 1978 à Sousse, en Tunisie, Amira Ghenim est agrégée d’arabe et docteure en linguistique. Elle enseigne à l’université de Sousse. Autrice d’ouvrages universitaires, elle a également publié trois romans, parmi lesquels Le Dossier jaune (2019) et Terre ardente (2024). Le Désastre de la maison des notables, finaliste de l’Arab Booker Prize et lauréat du prix Comar d’Or en 2021, est son deuxième roman, mais le premier à paraître en traduction française.
De son côté, Souad Labbize, qui a traduit l’ouvrage, est née à Alger en 1965. Elle est poétesse, romancière, traductrice littéraire et anthologiste. Algéro-tuniso-française, elle vit en France depuis une vingtaine d’années, après avoir résidé à Alger, Tunis et en Allemagne.
Elle publie son premier roman, J’aurais voulu être un escargot, en 2011 (réédité en 2019), et reçoit en 2020 le Prix Méditerranée de la poésie pour son recueil Je franchis les barbelés (éditions Bruno Doucey). Elle a traduit de nombreux textes littéraires vers l’arabe.
Source : les univeers du livre , actualitte.com