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Kosovo-Serbie : pas encore d’accord « historique » pour la stabilité dans les Balkans, mais des avancées à Ohrid

Une rencontre à Bruxelles le 27 février, de lourdes pressions internationales et un intense ballet diplomatique des émissaires américains et européens avaient précédé la rencontre, organisée à Ohrid, en Macédoine du Nord. Albin Kurti a confirmé que rien n’avait été signé, en rejetant bien sûr la responsabilité de cet échec sur la partie serbe : « L’autre camp, exactement comme lors de la réunion à Bruxelles, évite de signer l’accord, et maintenant l’annexe. C’est maintenant à l’UE de trouver un mécanisme pour que cet accord soit légalement et internationalement contraignant. »

Reconnaissance du Kosovo

En théorie, le plan européen de « normalisation des relations » entre le Kosovo et la Serbie a été accepté lors de la rencontre du 27 février, mais il s’agissait de valider l’annexe qui fixe les modalités de sa mise en œuvre. Celle-ci prévoit notamment la mise en place d’une « association des communes serbes du Kosovo », qui représente le point le plus sensible pour Pristina, qui redoute la création d’une « République serbe du Kosovo ».

Les obligations de la Serbie consistent essentiellement à ne plus s’opposer à l’intégration de son ancienne province dans les institutions internationales, mais la signature d’un accord est dénoncée par l’opposition nationaliste comme un prélude à une reconnaissance du Kosovo, même si celle-ci n’est jamais mentionnée en tant que telle. Cette opposition dénonce même un « ultimatum » européen à la Serbie, et a multiplié les manifestations ces dernières semaines à Belgrade.

Conférence des donateurs

Les deux parties ont néanmoins donné leur accord oral à cette annexe, s’engageant à mettre en place, dans un délai de 30 jours, un Comité de suivi commun qui sera présidé par l’Union européenne.

Contrepartie à la pilule amère que Belgrade et Pristina doivent avaler, une conférence des donateurs est prévue dans un délai de 150 jours pour définir un ensemble d’investissements et d’aides financières au Kosovo et à la Serbie. S’il est encore trop tôt pour annoncer la conclusion d’un accord « historique », la dynamique des négociations semble en mesure de l’emporter. Même si Albin Kurti et Aleksandar Vucic essayent chacun de présenter à leurs opinions publiques le côté le plus rempli du verre, tout semble se passer comme si ni Belgrade ni Pristina n’étaient plus en mesure de bloquer le processus. « Ni l’Union européenne ni les États-Unis ne peuvent mettre en danger leur crédibilité morale et politique, après tant d’efforts, en laissant toute l’histoire se terminer sans résultat concret. Ils ont des leviers avec lesquels ils peuvent forcer les deux parties », expliquait ainsi Aleksandar Popov, le directeur du Centre pour le régionalisme de Novi Sad, sur Radio Free Europe.

L’accord entre le Kosovo et la Serbie est perçu comme une clé de la « stabilité » des Balkans, cruciale pour les Occidentaux dans le contexte de la guerre en Ukraine. Pour Albin Kurti, s’il est désormais impossible de revenir sur la création de cette Association des communes serbes, tout l’enjeu va être d’en limiter les compétences, tandis qu’Aleksandar Vucic devra surtout calmer l’extrême droite nationaliste qu’il a lui-même galvanisée en se posant en « victime » des pressions occidentales.