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Joe Biden « fera tout pour éviter d’affronter Netanyahou »

Nos valeurs démocratiques communes constituent effectivement un socle important. La question palestinienne, l’occupation israélienne et désormais la présence de fondamentalistes au sein du gouvernement secouent ce socle. Mais on constate que, malgré cela, l’administration Biden reste extrêmement prudente et frileuse à l’idée de prendre ses distances avec le gouvernement Netanyahou.

On sent tout de même une réelle tension entre les deux parties, non ?

Le président des États-Unis, le secrétaire d’État, le conseiller à la Sécurité nationale, le directeur de la CIA et le secrétaire à la Défense se sont tous exprimés personnellement sur la situation politique en Israël depuis le mois de janvier. Cette prise de position critique à un tel niveau hiérarchique est totalement sans précédent. Donc oui, je dirais que les relations entre les deux États sont – comment dire… – « dans une mauvaise passe ». Mais on reste très loin de ce qu’on pourrait qualifier de « tensions sérieuses » de nature à compromettre le soutien américain à Israël.

Je ne vois absolument pas l’administration Biden prendre des mesures concrètes ou demander des comptes à Tel-Aviv. Le Président a plutôt privilégié jusqu’à présent une approche passive-agressive, en refusant par exemple à Benjamin Netanyahou l’invitation à la Maison-Blanche traditionnellement réservée au nouveau Premier ministre israélien. Ça fait six mois, ça commence à devenir gênant, et je ne pense pas que cela se produira avant qu’un accord soit trouvé avec l’opposition sur la réforme de la justice.

Qu’en est-il de la question palestinienne ?

La priorité dans la région, c’est l’Iran. Joe Biden est bien conscient de devoir coopérer et coordonner ses actions avec Israël s’il veut avoir une chance de gérer ce dossier. L’enlisement du processus de paix israélo-palestinien est totalement secondaire. D’ailleurs, les États-Unis n’ont pas introduit la moindre résolution critique envers Israël sur la question depuis les années 80. Il y a une ligne rouge à ne pas dépasser, mais à moins d’annexer purement et simplement la Cisjordanie, de frapper les civils palestiniens avec un arsenal militaire lourd ou de massivement expulser la population palestinienne, Israël ne s’expose pas à une réaction virulente de la part des États-Unis.

Biden hausse (un peu) le ton contre l’allié israélien

Benjamin Netanyahou et ses alliés semblent effectivement peu touchés par les remontrances verbales actuelles…

Je pense qu’il aimerait vraiment beaucoup être reçu à la Maison-Blanche. C’est extrêmement important à ses yeux. Maintenant, est-ce plus important que le fait de maintenir sa coalition gouvernementale en place, et donc composer avec les éléments les plus radicaux de son gouvernement ? Non. Le gouvernement Netanyahou vient par ailleurs de faire adopter son budget par le Parlement, ce mercredi. Ce qui garantit sa survie. Je pense qu’il demeurera au pouvoir bien plus longtemps que ce que d’aucuns avaient prédit.

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