Japon : Le succès des restaurants proposant de la viande d’ours
Le nombre de victimes d’attaques d’ours décédées cette année au Japon est de 13, un chiffre deux fois supérieur au précédent record annuel, alors qu’il reste encore quatre mois jusqu’à la fin de l’exercice nippon. L’an dernier, le gouvernement a ajouté les ours à la liste des animaux soumis à un contrôle démographique, avec un objectif d’abattre 1.200 ours par an durant la prochaine décennie.
Une viande « juteuse et savoureuse » : alors que le Japon cherche à réduire sa population d’ours suite à une série d’attaques mortelles, Koji Suzuki prépare des morceaux grillés de cet animal. La viande, cuisinée en fondue avec des légumes sauvages, provient d’ours abattus avec l’accord des autorités pour contrer les attaques qui ont causé un nombre record de 13 morts à travers l’archipel cette année.
Situé dans l’agglomération vallonnée de Chichibu, près de Tokyo, l’établissement propose également du cerf et du sanglier, mais l’engouement pour ses plats à base d’ours a explosé après plusieurs incidents largement médiatisés. En procédant à l’abattage des ours – qui peuvent peser une demi-tonne et courir plus vite qu’un homme – les autorités espèrent maîtriser la menace dans certaines régions du nord du Japon.
Le nombre de victimes d’attaques mortelles cette année a déjà doublé par rapport au précédent record annuel, alors qu’il reste encore quatre mois avant la fin de l’exercice japonais qui se conclut fin mars. Des ours s’introduisent dans des habitations, rôdent près des écoles et provoquent la panique dans les supermarchés.
Les scientifiques attribuent cette situation à une forte augmentation de la population d’ours, à une pénurie de nourriture et au dépeuplement humain de certaines zones. Face à cela, Tokyo a déployé des militaires et des unités de policiers antiémeutes. En six mois, le quota de 9.100 ours abattus pour l’année 2023-2024 a déjà été dépassé. Par ailleurs, les autorités espèrent que la viande d’ours pourrait devenir une source de revenus pour les villages ruraux.
« Il est important de transformer ces nuisibles en quelque chose de positif », a souligné le ministère de l’Agriculture début décembre. Les autorités locales recevront 100 millions d’euros pour gérer la population d’ours et promouvoir une consommation « durable ».
Certains restaurateurs n’ont pas besoin d’être convaincus, comme Katsuhiko Kakuta, 50 ans, qui dirige un restaurant dans le département d’Aomori (nord) et affirme avoir vendu tout son stock de viande d’ours plus tôt ce mois-ci : « Cette année, notre établissement a beaucoup attiré l’attention, surtout après qu’un influenceur a parlé de nous ».
À Sapporo, sur l’île septentrionale de Hokkaido, le chef Kiyoshi Fujimoto sert désormais de la viande d’ours dans son restaurant français chic. « Davantage de gens veulent y goûter, et j’ai fait des réserves », déclare-t-il. « La plupart de ceux qui en mangent disent que c’est délicieux ! ».
L’an dernier, le gouvernement a inscrit les ours sur la liste des animaux soumis à un contrôle démographique, mettant fin à une protection qui avait facilité leur prolifération. La région prévoit d’en abattre 1.200 par an au cours de la prochaine décennie.

