Islande : Après avoir eu un bébé avec un adolescent il y a trente ans, une ministre démissionne

La ministre islandaise chargée de l’Enfance, Ásthildur Lóa Thórsdóttir, a présenté sa démission jeudi après avoir reconnu publiquement avoir eu un enfant avec un adolescent alors qu’elle était âgée de 23 ans et lui seulement 16 ans. La relation, commencée lorsqu’elle avait 22 ans et lui 15, remonte à plus de trente ans.
Dans une interview accordée à la chaîne publique RUV, la ministre de 58 ans a expliqué avoir rencontré le jeune homme, Eirík Ásmundsson, au sein du groupe religieux Trú og líf (« Religion et Vie »), qu’il fréquentait alors qu’il traversait une situation familiale difficile. Thórsdóttir y participait à l’époque, mais a démenti y avoir occupé un rôle de conseillère ou de mentor. « Cela fait 36 ans. Beaucoup de choses ont changé depuis, et je gérerais cette situation très différemment aujourd’hui. » Malgré sa démission du gouvernement, Thórsdóttir a annoncé qu’elle ne quitterait pas son siège au Parlement.
Une « affaire grave »
Informée de la situation jeudi soir, la Première ministre islandaise, Kristrún Frostadóttir, a convoqué la ministre dans la foulée. Thórsdóttir a remis sa démission dans la soirée. « C’est une affaire grave », a commenté la cheffe du gouvernement, précisant qu’elle ne disposait d’aucune information supplémentaire par rapport au grand public. « C’est un sujet très personnel, je ne commenterai pas davantage. »
L’histoire a refait surface après qu’un proche de l’adolescent de l’époque a tenté à deux reprises de contacter la Première ministre. C’est cet échange qui a précipité la révélation, selon les médias locaux.
« Il venait chez moi, traînait autour de la maison en toutes saisons »
Dans un long communiqué de quatre pages, relayé par Iceland Monitor, Ásthildur Lóa Thórsdóttir affirme que leur relation a débuté à l’été 1989. Elle déclare que l’adolescent, alors proche de ses 16 ans, aurait été plus expérimenté qu’elle sur le plan affectif et sexuel. Elle insiste aussi sur le fait qu’elle a tenté à plusieurs reprises de mettre fin à leur relation et évoque du harcèlement. « Il venait chez moi, traînait autour de la maison en toutes saisons, venait jusqu’à ma fenêtre », décrit-elle.
C’est finalement à l’automne, selon son récit, qu’elle l’aurait laissé entrer chez elle une nuit, incapable de faire face à la situation. Elle dit être tombée enceinte rapidement, peu avant ses 23 ans. Elle précise que la relation n’a duré que quelques semaines après l’annonce de la grossesse, et que le père aurait « disparu dans la nature » à ce moment-là. Leur fils est né en juin 1990.
Une relation chaotique avec le père de l’enfant
La ministre explique avoir tenté de maintenir un lien entre le père et l’enfant, mais affirme qu’il n’a jamais manifesté un réel engagement. Elle raconte lui avoir rendu visite, l’avoir invité parfois, en vain. « Je tournais en voiture avec le bébé autour de son immeuble, sans jamais qu’il ne vienne au rendez-vous. »
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Selon ses propos, c’est lui qui a sollicité la justice quand leur fils avait deux ans et demi, demandant un droit de visite. Un accord avait été trouvé pour des rencontres mensuelles dans la maison du père de la ministre, mais l’initiative n’aurait pas été suivie d’effet. Elle assure qu’aucun cadeau, aucun effort concret n’a ensuite été entrepris par le père pour renouer un lien. « Ils ne se sont vus qu’une seule fois par hasard. Mon fils a 35 ans aujourd’hui. Son père n’a jamais tenté d’entrer en contact avec lui. »