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Iran : Scandale après la diffusion du mariage de la fille d’un proche du guide suprême

Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre Ali Shamkhani, un proche conseiller du guide suprême, lors de la fête du mariage de sa fille dans un hôtel luxueux de Téhéran. Les images de femmes sans voile ont ravivé le débat sur les règles vestimentaires imposées aux femmes en Iran, alors que des milliers d’entre elles sont poursuivies pour un foulard mal ajusté.


Une courte vidéo diffusée sur les réseaux sociaux a provoqué un scandale en Iran, selon *Courrier International*. Dans cette séquence filmée sur un téléphone portable, on aperçoit Ali Shamkhani, un conseiller proche du guide suprême, Ali Khamenei, lors de la fête de mariage de sa fille dans un hôtel luxueux de Téhéran.

La célébration est somptueuse, avec des femmes non voilées et portant des tenues décolletées. L’hebdomadaire indique que l’écart entre la rigueur morale prônée par le régime et le comportement de ses élites a suscité une vague de critiques, allant jusqu’aux médias iraniens.

Pour la presse réformatrice iranienne, cette situation illustre l’hypocrisie d’un pouvoir à double standard. Le média réformateur Fararu fait preuve d’ironie : « il semble que l’économie de résistance et de résilience face à l’impérialisme soit réservée aux opprimés et aux affamés, et que le faste soit réservé aux puissants. » Même le quotidien ultraconservateur Kayhan a remis en question le luxe de cette cérémonie, déclarant que « le luxe nuit à la solidarité sociale » du pays.

Des accusations de népotisme viennent s’ajouter à la controverse. D’après plusieurs médias, la famille Shamkhani aurait tiré profit des sanctions internationales, surtout dans le secteur pétrolier. En juillet dernier, Washington a imposé des sanctions à une flotte de cinquante navires appartenant à Hossein Shamkhani, le fils de l’influent conseiller du guide suprême.

Au-delà du faste, les images de femmes non voilées au sein d’une famille du régime relancent le débat sur les règles vestimentaires strictes imposées aux femmes en Iran. Alors que des milliers d’entre elles font face à des poursuites pour un foulard mal ajusté, les proches du pouvoir semblent échapper à ces normes. Cette contradiction rappelle la mort de Mahsa Amini en 2022, arrêtée pour « port de vêtements inappropriés », à une époque où Shamkhani dirigeait la plus haute instance sécuritaire du pays, le secrétariat du Conseil suprême de sécurité nationale. Les médias réformateurs considèrent cela comme la preuve d’un discours double devenu insupportable pour les autorités.

Pour certains analystes, la diffusion de cette vidéo, alors que la célébration a eu lieu en 2024, ne serait pas innocente. Le journal Kayhan évoque une « atteinte à la vie privée » orchestrée par des ennemis du régime dans le but de « saper la confiance du public », tandis que Shamkhani lui-même a, de manière implicite, accusé Israël dans un message sur X.

Pour la chaîne Iran International, qui émet depuis Londres et critique la République islamique, cette vidéo révèle une « lutte de pouvoir au sein du régime », s’inscrivant dans « une compétition latente » autour de la succession de Khamenei. Le média avance que « la vidéo montre le vrai visage du système et annonce l’effondrement d’un système fondé sur deux piliers : le mensonge idéologique et l’hypocrisie morale. »