Iran : La famille de Cécile Kohler a rencontré Emmanuel Macron, un motif d’espoir après plus de 1.000 jours comme otage ?
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Voilà plus de 1.000 jours que la française Cécile Kohler et son compagnon, Jacques Paris, sont détenus à l’isolement dans la section de haute sécurité 209 de la redoutée prison d’Ervin en Iran. Ces deux « otages d’Etat » comme ils sont qualifiés par le Quai d’Orsay, sont accusés d’espionnage par le régime de Téhéran.
Si depuis ces trois dernières années les familles ont bien eu des contacts avec le gouvernement, ils n’avaient pas pu encore rencontrer le président de la République Emmanuel Macron. C’est depuis ce lundi chose faite pour ces familles qui « attendaient beaucoup de cette réunion ». Noémie Kohler, la sœur de Cécile Kohler, membre du comité de soutien de l’otage française, explique à 20 Minutes ce qui s’est dit lors de cette rencontre.
Dans quelles conditions s’est déroulée cette entrevue ?
La rencontre s’est faite à l’Elysée. Le président était présent ainsi que l’ambassadeur de France en Iran, ses conseillers diplomatiques dont le directeur du centre de crise et de soutien du ministère des Affaires étrangères. Il y avait mes parents, mes frères, la famille de Jacques Paris et la famille d’Olivier Grondeau. Pour nous c’est une rencontre très importante qui a duré une heure et demie. Même si on n’a pas reçu les réponses que l’on espérait, mais ça nous a quand même fait du bien car c’est important pour nous de savoir que la situation de nos proches est prise très au sérieux au plus haut sommet de l’Etat, et c’est ce qu’on a ressenti lors de cette rencontre.
Mais même si c’est très difficile d’en sortir sans avoir d’échéance, ça nous aide à nous accrocher en disant qu’on ne les laisse pas tomber, qu’ils ne sont pas abandonnés, et que les autorités françaises continuent à se battre pour les récupérer.
Vous aviez des demandes et des attentes précises ?
Nos demandes sont toujours les mêmes. On avait besoin d’avoir un certain nombre de réponses concrètes. Ce qui nous intéressait surtout c’est de savoir s’il y avait une idée de durée, ne serait-ce même qu’approximative, jusqu’à sa libération. Mais aussi d’avoir des réponses sur d’éventuelles négociations qui sont menées pour la libération de nos proches. C’est un engagement qui a été pris depuis quasiment le début de la détention par les autorités françaises. Ils multiplient les démarches, les demandes, auprès des autorités iraniennes pour obtenir déjà que Cécile et Jacques soient extraits de la section 209, mais malheureusement rien n’y fait.
La dernière visite consulaire, sur les trois en presque trois ans, date pour la dernière d’il y a un an tout juste. C’est vraiment très compliqué et on n’arrive pas à décrypter pourquoi c’est plus compliqué pour Cécile et Jacques aujourd’hui. On avance jour après jour depuis trois ans pendants lesquels nous nous accrochons à ce qu’on nous dit, à savoir que les autorités françaises sont pleinement mobilisées sauf qu’on a eu aucun élément concret auxquels nous accrocher, mais on sent qu’il y a un réel engagement.
Quelles réponses avez-vous pu avoir et qu’est-ce qui bloque ?
On a eu un certain nombre de réponses concrètes sur certaines négociations dont je ne peux pas parler ici… Mais ça nous aide aussi pour avoir des repères auxquels nous accrocher. Ce qu’on espérait de tout notre cœur, c’est d’avoir une perspective de libération, mais en fait on n’en a toujours pas, ça c’est très dur.
Ça bloque du côté des autorités iraniennes, et il faut que l’on puisse tenir le coup encore pour une durée indéterminée. C’est arbitraire, on ne sait pas, il y a de nombreuses inconnues, de nombreuses zones d’ombre, des réponses qu’on aura sans doute jamais. La question du traitement particulier en prison de Cécile et de Jacques en fait partie.
Pourquoi reste-t-elle à l’isolement dans des conditions si dures et pas d’autres otages ?
On sait que ça a été le cas pour l’otage belge Olivier Vandecasteele, libéré en 2023, pour l’otage suédois Johan Floderus libéré en 2024, qui ont subi le même sort à savoir qu’ils ont passé toute leur détention en section 209, des conditions absolument terribles. On ne peut pas vraiment expliquer pourquoi ça a été le cas pour certains otages et pas pour d’autres, mais c’est une de nos grandes revendications que leur condition de détention soit améliorée, qu’ils soient extraits de la section 209 de toute urgence.
Les mots du chef de l’Etat pour Cécile en janvier dernier et la réaction de Téhéran vous ont-ils inquiétés ?
Il mettait, tout comme le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, clairement des mots sur la situation de nos proches, ils ont durci le ton clairement, en parlant de prise d’otage encore une fois, en parlant de torture psychologique au regard du droit international. Pour nous ça a été aussi une étape très importante que ces déclarations soient faites, parce que, encore une fois, c’est des choses auxquelles on peut s’accrocher en tant que famille et ce sont des choses qui nous confortent dans le fait que le sujet est pris très au sérieux. Quant à la réaction de l’Iran, au bout de trois ans, on n’en peut plus. Au début on a essayé la discrétion, on a essayé la retenue, et en fait ça ne nous a rien apporté. Donc au bout de trois ans, on n’en est plus là.
Quelles perspectives pour Cécile ?
On continue nos démarches auprès des élus. Ce mardi après-midi, on est à l’Assemblée nationale. Il y aura aussi des initiatives de la présidente du groupe d’amitiés France Iran Ayda Hadizadeh, députée du Val-d’Oise. On est aussi très coordonné avec la famille et le comité de soutien du troisième otage Olivier Grondeau. Pour l’instant on n’a pas d’échéance précise, mais on continue de se battre et à se mobiliser pour sensibiliser le plus de monde possible.