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Irak : Cachot, violences, maladies… Six djihadistes français se disent victimes de torture, une enquête ouverte

Accusations de tortures et de traitements inhumains en Irak… Plusieurs djihadistes français condamnés à Bagdad saisissent la justice française. Ces détenus, parmi lesquels Djamila Boutoutaou, dénoncent des conditions de détention indignes et réclament leur transfert en France.

Après la chute de l’organisation Etat islamique (EI), onze Français avaient été condamnés à mort en juin 2019 en Irak, peine commuée en réclusion à vie en mai 2023. Parmi eux, Djamila Boutoutaou, condamnée à 20 ans de réclusion en 2018, vit dans des conditions alarmantes selon son avocate Marie Dosé : « Elle croupit dans une prison immonde où elle ne bénéficie d’aucun soin. Son transfert en France est une urgence sanitaire. »

Tortures et traitements inhumains

Six de ces djihadistes, dont Djamila Boutoutaou, ont déposé plainte pour tortures, peines et traitements inhumains, ainsi que pour détention arbitraire. Ils estiment ne pas avoir eu droit à un procès équitable devant la justice irakienne.

En décembre 2023, une juge parisienne a ouvert une enquête après la plainte de Brahim Nejara et Vianney Ouraghi, initialement refusée en 2020 mais relancée après appel. Récemment, les plaintes de Karam El Harchaoui et Mohamed Yassine Sakkam ont connu un sort similaire, tandis que le parquet national antiterroriste a ouvert une information judiciaire en novembre pour un sixième plaignant, Léonard Lopez.

Des rapports accablants

Les avocats des détenus ont présenté des rapports accablants, décrivant une « très grande promiscuité » dans des cellules surpeuplées avec plus de 132 prisonniers, des violences régulières, et des conditions sanitaires déplorables. Ils rapportent que « le chef de cellule fait régulièrement passer à tabac des prisonniers » et que les détenus français subissent des agressions accrues, étant soupçonnés de « collaborer avec l’État d’Israël » dans le contexte de la guerre à Gaza.

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Pour la chambre de l’instruction, les rapports des avocats constituent un « faisceau d’indices » qui justifie l’ouverture d’enquêtes approfondies. Me Matthieu Bagard, l’un des avocats, se félicite de ces avancées : « Ces décisions sont un rappel du droit, mais la vraie victoire adviendra quand les infractions auront été reconnues. »