« Influenceurs algériens » : Qui est Chawki Benzehra, l’activiste qui accuse l’Algérie de créer des troubles en France ?
Les uns après les autres, des « influenceurs » algériens ont été arrêtés la semaine dernière pour avoir tenu des propos violents sur les réseaux sociaux. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est saisi du dossier, mais c’est une autre personne qui a initialement signalé la situation : Chawki Benzehra, qui se présente comme un activiste opposé au gouvernement algérien d’Abdelmadjid Tebboune.
Sur son compte X, Chawki Benzehra répertorie des vidéos de personnes appelant à commettre des actes violents ou terroristes en France. Outre, « ZazouYoucef », « ImadTintin » ou « Doualemn », qui ont déjà été arrêtés, il traduit par exemple les propos en arabe d’un vidéaste sur TikTok, qui menace d’« achever un par un » les Juifs de France. Certaines vidéos menacent parfois directement Chawki Benzehra, dont le compte est suivi par plus de 48.000 personnes sur X et 340.000 personnes sur TikTok.
Un soutien aux manifestations anti-gouvernement
Chawki Benzehra vit en France depuis 2012, et s’est longtemps engagé contre le régime algérien, comme il l’explique au Parisien. Il a été condamné par contumace en 2020, après son soutien au « Hirak » de 2019, une vague de manifestations contre l’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika. Il a depuis obtenu l’asile politique en France.
Chawki Benzehra a aussi critiqué la Grande Mosquée de Paris, notamment lors d’un passage sur CNews, où il insinue que le recteur de l’institution accueillait des influenceurs et agitateurs algériens. Dans un communiqué, la Grande Mosquée a jugé ces propos diffamants et « diffus [ant] le poison de l’extrême droite dans notre société ». Chawki Benzehra a déjà affiché son soutien à des personnalités ou des idées d’extrême droite par le passé, en soutenant les eurodéputées Reconquête ! Sarah Knafo, visée par une plainte du régime algérien, ou Marion Maréchal.
« Alger veut provoquer des troubles en France »
Interrogé par l’AFP et par Le Point, Chawki Benzehra assure que derrière ses « influenceurs » violents se cache une campagne de déstabilisation de l’Algérie. « Il suffit de lire les dépêches en français de l’agence Algérie presse service pour le comprendre. Elle parle désormais de la « France macronito-sioniste » !, détaille-t-il au second média. La reconnaissance par Paris des revendications marocaines sur le Sahara occidental a été le déclencheur. Alger veut provoquer des troubles en France. »
Contactés par 20 Minutes, les différents services du ministère d’Intérieur n’ont pas répondu sur la possibilité d’une campagne d’influence coordonnée par le gouvernement algérien. Dans un article du Monde, Abdou Semmar, un autre activiste algérien estime que ces influenceurs problématiques « sont entrés en politique à partir de 2023-2024, quand le régime algérien a renforcé sa propagande contre le Maroc, Israël, la France, l’opposition à l’étranger ». Le Mali, un autre pays frontalier de l’Algérie, a lui aussi dénoncé des « ingérences » ces derniers jours. « [Ces influenceurs] ne sont pas en lien direct avec les services algériens mais avec des intermédiaires, des seconds couteaux, qui les approchent et leur proposent de menus avantages », complète Abdou Semmar. Et l’interpellation de ces individus risque de nourrir les tensions entre Paris et Alger.