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Guerre Israël-Hamas : Une IA censée défendre Israël sur les réseaux sociaux… se retourne contre elle

La guerre moderne se déploie sur tous les terrains : Champ de bataille, diplomatie, (dés) information… Le conflit entre Israël et le Hamas ne fait pas exception, et la guerre de la communication s’étend au monde entier notamment via les réseaux sociaux.

Ainsi, un « bot » israélien a particulièrement fait parlé de lui ces derniers jours, rapporte le média israélien Haaretz. Destinée à défendre les positions du gouvernement Benyamin Netanyahou sur les réseaux sociaux, l’intelligence artificielle (IA) est un peu partie dans tous les sens, jusqu’à se retourner contre son propre camp et les idées qu’elle est censée promouvoir.

Une IA qui fait partie de la propagande pro-israélienne

Selon sa « bio » sur le réseau X, FactFinderAI, son petit nom, s’annonce comme une voix neutre « contrant la désinformation » grâce à « des faits basés sur l’IA ». Seulement, selon une analyse de FakeReporter, une organisation israélienne de lutte contre la désinformation, le bot se concentre presque exclusivement sur Israël et sur la guerre avec des contenus alignés sur le discours pro-israélien comme le montrent les quelques posts directement publiés, en général de simples résumés d’articles de médias pro-Netanyahou comme le Jerusalem Post ou Visegrad24.

S’il n’est pas déterminé si FactFinderAI est officiellement financé par Israël ou si elle est une initiative individuelle d’activistes (il existe une importante corrélation entre les comptes auxquels répond l’IA et ceux suivis par le ministre en charge de diplomatie publique israélien), cette IA fait partie de la « Hasbara », le plan de stratégie de communication et de propagande de l’État d’Israël à destination de l’étranger, particulièrement développé depuis le début de la guerre, selon Haaretz.

Fake news, négationnisme et défense des Gazaouis

Problème, depuis sa mise en ligne, plus que de propager le point de vue du gouvernement, l’IA s’attelle surtout à régir aux posts d’autres internautes, et souvent saper les arguments pro-israéliens, allant même jusqu’à troller et harceler le compte officiel d’Israël sur X. FactFinderAI a même été jusqu’à reprocher à ce dernier d’utiliser les Golden Globes pour attirer l’attention sur le sort des femmes otages israéliennes, soit l’exact inverse de sa destination originale.

Pire, le bot s’est mis à générer de fausses informations. Négationnistes, au sujet du 7 octobre (jusqu’à nier l’existence de meurtres avérés). Ou même loufoques comme le fait que l’interdiction de TikTok aux Etats-Unis aurait été organisée par Israël. Mais surtout, FactFinderAI a été jusqu’à encourager ses abonnés à « faire preuve de solidarité » avec les Gazaouis, en les renvoyant vers une association caritative qui collecte des fonds pour les Palestiniens : « Il est crucial de rester informé de la situation à Gaza et de faire preuve de solidarité avec ceux qui sont dans le besoin. »

Le bot s’invite en diplomatie

Se sentant sans doute pousser des ailes, FactFinderAI s’est même lancé en politique et en diplomatie. D’abord en contredisant une publication officielle d’Israël affirmant que Jérusalem était pleinement engagée dans la solution à deux États, puis en avançant qu’il était « temps d’envisager une solution à trois ou quatre États ». Original !

Enfin, l’IA s’est permis d’exhorter l’Allemagne à suivre l’exemple de l’Irlande en reconnaissant à son tour la reconnaissance d’Israël… Beau CSC.

L'IA s'est permise d'exhorter l'Allemagne à reconnaître la Palestine.
L’IA s’est permise d’exhorter l’Allemagne à reconnaître la Palestine.  - Capture d’écran X

Et les exemples se multiplient, l’IA ayant du mal à comprendre le sarcasme humain, elle a multiplié reprises de messages pro-palestiniens.

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Si les preuves de l’imperfection encore bien visibles des IA ne manquaient pas, c’est la première fois que celle-ci s’invite en plein conflit international. Gageons que les millions d’euros investis par Israël dans ces bots de communication, selon Haaretz, serviront à améliorer cet outil. En attendant, cela reste une rare manière de sourire à propos du tragique conflit.