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Guerre en Ukraine : Shark Robotics fournit 40 robots à Kiev pour secouristes.

Cyrille Kabbara, le PDG de Shark Robotics, a déclaré que les premiers robots ont été envoyés en Ukraine en juin dernier, ce qui a permis de « diviser par trois » les pertes humaines depuis le déploiement des Colossus. Shark Robotics a livré en sept mois une quarantaine de robots Colossus au Service national ukrainien des situations d’urgence pour un montant de 14,5 millions d’euros, dans le cadre des 200 millions d’euros alloués par la France au Fonds Ukraine.


« Il y en a au moins un qui sort chaque jour… » De retour vendredi dernier d’Ukraine après la dernière livraison de robots Colossus, Cyrille Kabbara, le PDG de Shark Robotics, PME située à La Rochelle, exprime sa satisfaction. Les retours d’expérience des Ukrainiens sur l’efficacité de son robot d’intervention en milieu périlleux sont très positifs.

L’entreprise rochelaise, active depuis 2016 dans la conception de robots terrestres pour la Sécurité civile et la défense, a livré en sept mois environ quarante de ses Colossus, un robot qui s’est illustré lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris, au Service national ukrainien des situations d’urgence (Sesu). Le montant de cette opération s’élève à environ 14,5 millions d’euros, financé par les 200 millions d’euros alloués par la France au Fonds Ukraine.

« Les premiers robots ont été envoyés en Ukraine en juin dernier », explique à 20 Minutes Cyrille Kabbara. « Ces robots sont déployés pour protéger les opérateurs du Sesu lors de doubles frappes russes. » Cette méthode, particulièrement meurtrière, consiste à frapper une première fois, puis à attendre environ vingt minutes que les premiers secours arrivent pour frapper à nouveau. Dans ce cadre, « les pertes humaines ont été divisées par trois depuis le déploiement des Colossus », assure le PDG de Shark Robotics.

Les Ukrainiens utilisent également ces robots sur des sites énergétiques, souvent visés par les Russes. Comme cela a été démontré à Notre-Dame, l’avantage majeur du robot est « de pouvoir entrer dans un site en flammes, même en présence de risques d’explosion ».

« Les robots sont utilisés pour les incendies, lors de bombardements ou de tirs de missiles », précise Cyrille Kabbara, qui a lui-même observé que « les drones, les missiles, les avions Mig frappent très fort à Kiev ». « Notre objectif est de sauver des vies grâce à la technologie, en éloignant les opérateurs du danger, en déployant le robot le plus rapidement possible, soit pour localiser les victimes, soit pour éteindre les incendies. » Le Colossus a également dû être adapté au contexte ukrainien, soumis à un fort brouillage des communications, pour continuer à fonctionner même en cas de perte de signal.

Les secouristes ukrainiens avaient eu un premier aperçu du Colossus en 2023, lors d’une formation avec leurs homologues polonais, déjà équipés de ce robot. « Nous réalisons plus de 90 % de nos revenus à l’export, avec plus de 200 robots livrés dans 25 pays », explique Cyrille Kabbara. Après avoir vu les robots en Pologne, les pompiers ukrainiens ont demandé à les essayer à La Rochelle début 2024, moment où ils ont exprimé un intérêt pour 40 robots, via le fonds Ukraine.

Pour couvrir les 23 oblasts du territoire, le Sesu estime avoir besoin de 160 robots au total. « C’est pourquoi nous pensons déjà à la prochaine étape, qui serait d’installer une antenne sur place pour assurer le maintien en condition opérationnelle, et éventuellement produire des sous-ensembles. »

Une nouvelle génération, la 2.4, du robot a été développée en 2025, lui permettant d’atteindre une vitesse de 12 km/h, une capacité d’emport de 850 kg, et de pousser jusqu’à trois tonnes, assure le PDG de l’entreprise, qui fabrique actuellement environ soixante robots par an. « L’objectif est d’atteindre une production de 100, voire 150 unités. »