Guerre en Ukraine : Poutine veut exclure Zelensky, Trump veut absolument récupérer les minerais

Vous avez raté les derniers événements sur la guerre en Ukraine ? 20 Minutes fait le point pour vous tous les soirs. Entre les déclarations fortes, les avancées sur le front et le bilan des combats, voici l’essentiel de ce vendredi 28 mars 2025, au 1.129e jour de la guerre.
Le fait du jour
« Tout ce qu’il fait retarde toute possibilité de négociation » en vue de mettre « fin à la guerre ». Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé vendredi son homologue russe Vladimir Poutine de chercher à jouer la montre dans le conflit en Ukraine en évoquant l’idée d’une « administration transitoire » sous l’égide de l’ONU pour diriger Kiev.
Le président russe avait en effet auparavant évoqué l’idée d’une « administration transitoire » pour l’Ukraine, sous l’égide de l’ONU, une option qui implique le départ de Volodymyr Zelensky, avant toute négociation sur un accord de paix.
« On pourrait bien sûr discuter avec les Etats-Unis, même avec les pays européens, et bien évidemment avec nos partenaires et amis, sous l’égide de l’ONU, d’une possibilité de mettre en place en Ukraine une administration transitoire », a dit Vladimir Poutine. Cela permettrait d’ « organiser une élection présidentielle », avant de « commencer avec ces autorités des négociations sur un accord de paix », a-t-il poursuivi, évoquant cette idée-là pour la première fois.
Depuis février 2022, Vladimir Poutine justifie notamment son attaque contre l’Ukraine comme un moyen pour tenter de renverser le pouvoir en place, qu’il considère à la botte des Occidentaux, malgré l’élection régulière de Volodymyr Zelensky en 2019.
La déclaration du jour
« Non, ce n’est pas une aide qui sera financée par des impôts cachés ou supplémentaires, c’est totalement faux »
Les paroles sont signées Emmanuel Macron ce vendredi. Le président français a assuré vendredi, dans une vidéo mise en ligne sur Instagram, que l’aide apportée par la France à l’Ukraine, qui a été accrue de deux milliards d’euros cette semaine, ne sera pas « financée par des impôts supplémentaires », a assuré vendredi Emmanuel Macron dans une vidéo mise en ligne sur Instagram.
Cette aide « est dûment financée grâce à la loi de programmation militaire, aux efforts qu’on avait anticipés et grâce au financement européen et dans le cadre du G7 que nous avons décidé », a argué le chef de l’Etat.
Emmanuel Macron avait annoncé mercredi une aide militaire supplémentaire de deux milliards d’euros de la France à l’Ukraine, qui inclut des missiles antichar, des moyens de défense aérienne, des missiles de défense sol-air, des chars, des munitions et des drones.
La cheffe de file du Rassemblent national, Marine Le Pen, avait dénoncé la mesure et ses conséquences sur la dette de la France. « Cette aide n’est pas inutile parce qu’en Ukraine, c’est notre sécurité qui se joue », a fait valoir Emmanuel Macron vendredi. « Et si on abandonne l’Ukraine dans sa résistance, d’abord on ne joue pas notre rôle en Europe pour notre sécurité collective et puis c’est notre propre sécurité, nos propres intérêts qu’on laisse être menacés », a-t-il ajouté.
La tendance
L’Ukraine a annoncé vendredi avoir reçu de la part des Etats-Unis une nouvelle version de l’accord sur les minerais stratégiques d’Ukraine, auxquels Washington veut obtenir un accès. « La partie ukrainienne […] a officiellement reçu aujourd’hui, par une note, les propositions américaines », a déclaré Volodymyr Zelensky.
L’administration de Donald Trump prépare depuis plusieurs semaines un accord octroyant l’accès à Washington aux minerais stratégiques du sol ukrainien, en échange du soutien militaire et financier déjà fourni à Kiev pour faire face à l’invasion russe. L’Ukraine avait dit être prête à signer cet accord et Volodymyr Zelensky s’était rendu à Washington fin février pour le conclure mais cette initiative avait finalement échoué en raison de l’altercation avec Donald Trump dans le Bureau ovale.
Si les détails de la nouvelle version de l’accord n’ont pas été rendus publics officiellement, des députés et médias ukrainiens l’ont vivement critiqué, qualifiant le document d’ « inacceptable ». Selon le journal Ukrainska Pravda, « l’équipe de Donald Trump a abandonné toutes les solutions de compromis convenues il y a un mois » et le nouveau document « franchit presque toutes les lignes rouges » de l’Ukraine, qu’il « prive d’une partie de sa souveraineté » et oblige à « rembourser toute l’aide américaine qu’elle a reçue ».
L’accord n’évoquerait aussi aucune garantie de sécurité pour l’Ukraine, comme le réclame avec insistance Kiev, selon ce média. Volodymyr Zelensky a confirmé vendredi qu’il s’agit d’un « document complètement différent » et qu’il comporte « beaucoup de choses qui n’avaient pas été discutées et certaines qui avaient déjà été rejetées par les parties ».
Le chiffre du jour
909. C’est le nombre de corps de soldats tués au combat remis ce vendredi aux autorités ukrainiennes par la Russie, le plus gros échange de ce type depuis le début de l’invasion russe en février 2022. La Russie a de son côté récupéré les corps de 43 de ses soldats tués, a précisé au média RBK le député russe Chamsaïl Saraliev, membre du groupe de coordination parlementaire sur le conflit.
L’échange de corps de militaires, ainsi que de prisonniers de guerre, est l’un des rares domaines de coopération entre Moscou et Kiev. En février, les corps de 757 soldats ukrainiens tués au combat avaient été rendus par la Russie à l’Ukraine contre ceux de 45 soldats russes, trois semaines après un échange de même ampleur. Moscou comme Kiev se montrent discrets sur leurs propres pertes militaires.
Notre dossier sur la guerre en Ukraine
Dans une rare estimation publique auprès de la chaîne américaine NBC, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé mi-février que plus de 46.000 de ses soldats avaient été tués et quelque 380.000 autres blessés. Il a aussi fait état de « dizaines de milliers d’autres portés disparus ou en captivité ».
Le correspondant de guerre ukrainien Iourii Boutoussov, un journaliste indépendant et respecté, a lui affirmé en décembre 2024 que ses sources au sein de l’armée avaient décompté 70.000 morts et 35.000 disparus. Divers médias, citant des sources occidentales, ont évoqué des bilans variant très largement, compris entre 50.000 et 100.000 morts au combat.