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Guerre en Ukraine : L’Estonie met en garde contre « l’ascendant » de Poutine sur Trump dans les négociations

Le ministre estonien des Affaires étrangères, Margus Tsahkna, en visite mardi à Washington avec ses homologues lituanien et letton pour rencontrer Marco Rubio, a mis en garde contre « l’ascendant » pris selon lui par Vladimir Poutine dans les négociations sur l’Ukraine.

« La question maintenant est de savoir combien de temps [Donald] Trump va laisser à [Vladimir] Poutine pour jouer à ses jeux », a-t-il déclaré lors d’un entretien tenu lundi soir, à la veille de sa rencontre avec le chef de la diplomatie américaine.

Russie et Ukraine ont accepté de cesser les hostilités en mer Noire

Le milliardaire républicain a fait notamment campagne sur sa promesse de mettre fin à la guerre, qui a commencé en 2022 quand la Russie a envahi son voisin ukrainien, et s’est élevé contre les milliards de dollars d’armes envoyés à Kiev par le démocrate Joe Biden.

En plus de son rapprochement avec Vladimir Poutine, Donald Trump a choqué les Européens en qualifiant le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, de « dictateur » et en haussant le ton face à lui à la Maison-Blanche fin février.

Ces derniers jours, les Américains ont participé à des négociations séparées avec la Russie et l’Ukraine, en Arabie saoudite. La Russie et l’Ukraine ont accepté de cesser les hostilités en mer Noire, ont annoncé mardi les Etats-Unis.

Poutine « comprend seulement la force et les discussions dures »

La Maison-Blanche s’est dite pour sa part prête à aider Moscou à exporter ses produits agricoles et engrais sur les marchés mondiaux, un grief majeur des Russes après les sanctions radicales imposées à la suite de l’invasion de l’Ukraine.

Pour Margus Tsahkna, la principale motivation de Vladimir Poutine n’est pourtant pas de parvenir à un cessez-le-feu, mais de mettre à mal l’influence américaine en Europe et de relancer son économie.

« La seule personne qui pourrait vraiment mettre fin à cette guerre c’est Poutine, et, ces dernières semaines, nous ne l’avons pas vu proposer quoi que ce soit », explique le diplomate estonien. Le président russe maintient « sa guerre totale sur le champ de bataille », en parallèle des efforts diplomatiques, estime Margus Tsahkna. « Il y voit une opportunité pour demander tout ce qu’il veut arracher », dit-il. « Il y a deux mois, ou même plus, il était plus faible que maintenant. ». Poutine « comprend seulement la force et les discussions dures », assène-t-il.

Vers un retrait de la convention internationale interdisant les mines antipersonnel

Les pays baltes, qui faisaient partie de l’URSS et sont actuellement tous membres de l’Otan, sont très dubitatifs du rapprochement des Etats-Unis de Donald Trump avec la Russie. Ils ont aussi été au premier rang de la défense et du soutien de l’Ukraine, une nation qui comme eux a fait partie de l’URSS. La semaine dernière, ces trois pays et la Pologne ont fait un nouveau pas vers un retrait de la convention internationale interdisant les mines antipersonnel, en invoquant la nécessité de renforcer leurs défenses. Margus Tsahkna dit s’attendre à voir la Finlande, qui partage une frontière avec la Russie, prendre une décision similaire.

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Tout en reconnaissant le risque humanitaire des mines antipersonnel, le diplomate estonien estime que « nous devons comprendre que la Russie est un pays brutal ». « Nous devons tout utiliser pour protéger l’Otan et nous protéger », dit-il.