Guerre en Ukraine : La fin du transit du gaz russe fait suer l’Europe de l’Est
C’est bientôt la fin du transit du gaz russe sur le territoire ukrainien. Cette décision annoncée par Volodymyr Zelensky affectera la Slovaquie, la Moldavie et dans une moindre mesure la Hongrie, qui restent dépendants à l’importation.
Actuellement, la Russie envoie son gaz vers l’Europe par deux routes, depuis le sabotage de Nord Stream en septembre 2022 en mer Baltique. La première est le gazoduc TurkStream et son prolongement, Balkan Stream, sous la mer Noire, vers la Bulgarie, la Serbie et la Hongrie.
Le second itinéraire traverse l’Ukraine en vertu d’un contrat établi en 2019 pour cinq ans entre les compagnies ukrainiennes Naftogaz ainsi que GTSOU, et le géant russe Gazprom, et c’est celui-ci qui doit être coupé au 1er janvier 2025. Le volume passant par cette route s’élevait à 14,65 milliards de m3 en 2023, soit un peu moins de la moitié des exportations totales de gaz russe vers l’Europe, selon des chiffres officiels.
La Slovaquie en première ligne
Contrairement à l’Autriche, qui importait encore cet été 90 % de son gaz de la Russie, les Slovaques « veulent maintenir » leur contrat avec Gazprom, explique à l’AFP Andras Deak, expert à l’université Ludovika de Budapest. Le Premier ministre nationaliste Robert Fico s’est rendu le week-end dernier à Moscou, Volodymyr Zelensky l’accusant de vouloir « aider Vladimir Poutine à gagner de l’argent pour financer la guerre ».
Bratislava préfère importer du gaz russe « car cela revient moins cher », souligne Alexander Duleba, du centre de recherche de l’Association slovaque de politique étrangère. « Gazprom paie les frais de transit à travers l’Ukraine », alors que si la Slovaquie doit faire appel à des fournisseurs plus éloignés, « elle devra payer pour l’acheminement ».
La Moldavie en alerte
En Moldavie, on se prépare déjà à des coupures de courant. En dépit d’importants efforts de diversification depuis le début de la guerre chez son voisin, cette ex-République soviétique dépend toujours pour 70 % de son électricité de la centrale thermique de Cuciurgan, située dans la région séparatiste de Transdniestrie et alimentée en gaz russe via l’Ukraine.
« D’autres routes de transit existent mais il semble que Gazprom ne soit pas prêt à honorer ses obligations contractuelles », a récemment déploré la présidente proeuropéenne Maia Sandu, dénonçant « un chantage à l’obscurité » du Kremlin sur fond de craintes de déstabilisation à quelques mois des législatives. Dans ce contexte tendu, l’état d’urgence énergétique a été déclaré et ce pays parmi les plus pauvres d’Europe devra acheter son électricité auprès de la Roumanie voisine, pour une facture plus élevée.
La Hongrie peu touchée
La Hongrie, elle, reçoit l’essentiel de ses importations de gaz russe via TurkStream et la décision de Kiev ne l’affectera que marginalement. Malgré tout, « nous ne voulons pas abandonner » cette route utilisée pour de faibles volumes, a déclaré la semaine dernière le Premier ministre Viktor Orbán, afin de maintenir « des prix raisonnables », et des négociations ont lieu avec Moscou et Kiev.
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Il a évoqué « une astuce » qui permettrait d’acheter le gaz russe « avant qu’il entre sur le territoire ukrainien ». « Une fois en Ukraine, il ne serait plus russe mais hongrois », a-t-il dit. Pour Andras Deak cependant, la Hongrie va finir par « être le dernier client de Gazprom dans l’UE », s’exposant ainsi à « une pression politique » accrue de la part de Bruxelles pour réduire sa dépendance.