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Guerre en Ukraine : Kirill Dmitriev, le dirigeant russe en négociations de paix avec les États-Unis

On ne sait pas encore exactement ce que contient le plan de paix que les Etats-Unis ont concocté pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Kirill Dmitriev, à la tête du RDIF depuis 2011, pèse dans le jeu économique mondial avec un fonds d’investissement souverain russe riche d’au moins dix milliards de dollars.


Malgré quelques indiscrétions, les contours du plan de paix élaboré par les États-Unis pour mettre un terme à la guerre en Ukraine demeurent flous. Ce plan résulte de négociations discrètes entre Washington et Moscou. Du côté russe, c’est Kirill Dmitriev qui est chargé de cette mission, et bien qu’il ne soit ni un diplomate ni un homme politique traditionnel au service de Vladimir Poutine, son rôle est significatif.

Kirill Alexandrovitch Dmitriev, en position clé dans l’économie mondiale, dirige depuis 2011 le Fonds d’Investissement Direct Russe (RDIF), un fonds souverain russe dont le montant atteint au moins dix milliards de dollars. La France a entretenu des relations avec cet investissement moscovite, notamment par le biais d’un accord en 2013 entre la Caisse des dépôts et le RDIF, qui a permis la création d’un fonds franco-russe, investissant, par exemple, dans le groupe français Arc International. En reconnaissance de ses services en faveur de la France, Kirill Dmitriev a été décoré en 2018 du titre de chevalier de la Légion d’Honneur par l’ambassadeur de France à Moscou.

Dans la biographie de Kirill Dmitriev sur le site du RDIF, il est précisé que cet homme d’une cinquantaine d’années a effectué ses études supérieures aux États-Unis, d’abord à Stanford, puis à la Harvard Business School, où il a obtenu une licence en économie et un MBA avec mention très bien. Ses résultats scolaires lui ont permis de débuter sa carrière chez Goldman Sachs, une banque d’investissement américaine, avant de rejoindre McKinsey & Company, un cabinet de conseil en stratégie ayant des liens étroits avec Emmanuel Macron.

De retour en Russie, il devient en 2002 co-gérant du premier fonds d’investissement du pays, le Delta Private Equity Partners, selon le site European CEO. Il s’illustre à Moscou, créant l’Association russe des investisseurs en capital-risque et aidant Vladimir Poutine à établir la Russian Venture Company pour revitaliser le secteur du capital-risque en Russie. En 2007, il fonde le Icon Private Equity, un fonds d’un milliard de dollars. Étant donné ses succès dans l’attraction d’investisseurs étrangers, il est nommé en 2011 à la tête du RDIF, un fonds nouvellement créé avec dix milliards de dollars.

En ce qui concerne ses relations avec l’administration Trump, il est important de noter que Kirill Dmitriev est proche du Kremlin, en partie grâce à sa femme, Natalia Popova, qui est amie avec la fille de Poutine. Toutefois, cela n’explique pas entièrement pourquoi il a été choisi pour mener les négociations de paix entre la Russie et les États-Unis. Son origine ukrainienne, étant né et ayant grandi à Kiev, a probablement joué un rôle. De plus, lors de la première élection de Donald Trump en 2016, la Russie a été accusée d’interférer, entraînant des soupçons de collusion entre la campagne Trump et les services de renseignement russes.

Dans le rapport du procureur Mueller, dont une version caviardée a été publiée par le Sénat américain, le nom de Kirill Dmitriev apparaît à plusieurs reprises. Le rapport précise que le PDG du RDIF « a poursuivi des contacts et un accord commercial avec le gestionnaire de fonds spéculatifs américain Rick Gerson, qu’il a utilisé pour présenter à l’équipe de transition de Trump un « plan de réconciliation » autorisé par Poutine ». Depuis lors, il a maintenu et intensifié ses relations avec les États-Unis, œuvrant au service de la diplomatie russe. Kirill Dmitriev a même défendu un projet de tunnel ferroviaire souterrain sous le détroit de Béring reliant les deux pays, selon la BBC.