Guerre en Ukraine : « Impérialisme révisionniste » russe, « loyauté française » envers l’Otan… Macron hausse le ton

Emmanuel Macron a profité d’une conférence de presse, jeudi soir, après le sommet européen de Bruxelles pour hausser le ton sur plusieurs dossiers stratégiques. Il a dénoncé l’« impérialisme révisionniste » de Vladimir Poutine et fustigé une tentative de réécriture de l’histoire. Il a tenu à répondre aux critiques de Donald Trump sur la loyauté de la France dans l’Otan, rappelant le rôle historique du pays aux côtés des Etats-Unis. Enfin, il a lancé une réflexion sur l’élargissement de la dissuasion nucléaire française au sein de l’UE.
Affrontement verbal avec Poutine
Dans une déclaration sans ambiguïté, Emmanuel Macron a rejeté toute comparaison entre Vladimir Poutine et Napoléon Bonaparte, une analogie faite par le Kremlin. « Napoléon menait des conquêtes. La seule puissance impériale que je vois aujourd’hui en Europe s’appelle la Russie », a-t-il déclaré, pointant du doigt l’attitude belliqueuse du président russe. Il a accusé ce dernier de chercher un cessez-le-feu en Ukraine non pour instaurer une paix durable, mais pour « mieux reprendre la guerre ».
Emmanuel Macron a également affirmé que Vladimir Poutine avait « sans doute été piqué du fait que nous avons démasqué son jeu », estimant que la stratégie du Kremlin repose sur un « contresens historique » visant à justifier son expansionnisme en s’appuyant sur une vision déformée du passé.
Macron répond aux attaques de Trump sur l’Otan
Les relations transatlantiques ont également été au cœur des discussions à Bruxelles, après que Donald Trump a mis en doute la fiabilité des alliés de l’Otan, dont la France, dans l’hypothèse où les Etats-Unis auraient besoin d’aide. Emmanuel Macron a tenu à rappeler la fidélité historique de la France envers les Etats-Unis. « Nous sommes des alliés loyaux et fidèles », a-t-il affirmé, évoquant le rôle du marquis de Lafayette lors de la guerre d’indépendance américaine et l’engagement des troupes françaises aux côtés des forces alliées lors du débarquement de Normandie en 1944.
« Nous avons toujours été là l’un pour l’autre », a martelé le président français, rappelant que la relation franco-américaine repose sur des bases solides de respect et d’amitié mutuels. Il a toutefois ajouté que la France était en droit « de réclamer la même chose » des Etats-Unis, sous-entendant que Washington ne devrait pas remettre en question les engagements de ses partenaires historiques.
Vers une dissuasion nucléaire européenne ?
Emmanuel Macron a aussi ouvert un nouveau débat stratégique sur la protection des alliés européens par la force de dissuasion nucléaire française. Avec les incertitudes croissantes sur l’avenir de l’Otan, notamment en raison des déclarations fluctuantes de Donald Trump, il a estimé que « l’Europe doit se poser la question de la dissuasion nucléaire pour elle-même ». Il a ainsi annoncé le lancement d’une phase de dialogue stratégique et technique, avec des échanges entre chefs d’Etat et experts d’ici la mi-2025, afin de déterminer « s’il y a des coopérations nouvelles qui peuvent voir le jour ».
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Le chef de l’Etat français a ainsi répondu à un « appel historique » du futur chancelier allemand Friedrich Merz, qui a plaidé en faveur d’un renforcement de la protection européenne indépendante. Il a toutefois précisé que « quoi qu’il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République », soulignant ainsi que la souveraineté de la France sur sa force de frappe ne serait pas remise en cause.