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Guerre en Ukraine : Ce que l’on sait sur la fourniture de mines antipersonnel par les Etats-Unis

Après les missiles ATACMS, les mines antipersonnel. Les Etats-Unis ont annoncé mardi qu’ils vont fournir à l’Ukraine des « mines antipersonnel non-persistantes ». Objectif ? Renforcer les défenses ukrainiennes face à l’invasion russe.

Une décision qui intervient après le feu vert donné dimanche par le président Joe Biden à l’Ukraine pour l’utilisation contre le territoire russe de missiles ATACMS, d’une portée de 300 km, fournis par les Etats-Unis. Voici ce que l’on sait sur l’annonce de la fourniture de cette arme très controversée.

Qu’est-ce qu’une mine antipersonnel non-persistante ?

Comme son nom l’indique, l’idée de ces mines est qu’elles ne persistent pas dans le temps là où elles ont été posées, pour éviter ainsi de causer des dégâts prolongés au sein de la population. Il s’agit ainsi de mines équipées d’un dispositif d’autodestruction ou d’autodésactivation. La batterie nécessaire pour exploser finit par ailleurs par s’épuiser.

Un rapport du comité international de la Croix-Rouge souligne que « sur 124 modèles différents de mines antipersonnel répertoriés, nous n’avons trouvé que quatre modèles comme étant dotés d’un dispositif d’autoneutralisation. » Ces modèles sont équipés « de systèmes programmables dans un intervalle allant de quelques heures à quelques semaines, voire plusieurs mois. »

Mais, « la fiabilité de ces dispositifs, selon certains experts, ne serait pas toujours suffisante et chacun s’accorde à reconnaître qu’ils ne sont pas à l’abri d’un dysfonctionnement accidentel toujours possible. En principe, ces dispositifs ne devraient pas être détériorés ni influencés par les conditions climatiques et d’environnement. » « Ces mécanismes ne sont pas sûrs à 100 % » confirme ce mercredi Tamar Gabelnick, directrice de la Campagne internationale pour interdire les mines (ICBL) et « par conséquent, une fois mises en place, ces mines peuvent toujours constituer un danger pour les civils et les soldats. Les démineurs doivent continuer à accomplir la tâche coûteuse, longue et dangereuse qui consiste à les déminer avec le même soin que n’importe quelle mine active susceptible d’exploser.»

Quelque 164 pays, dont l’Ukraine, ont signé un traité international interdisant l’utilisation des mines antipersonnel, soulignant que ces armes aveugles peuvent causer des dommages durables aux civils. Ni la Russie, ni les Etats-Unis, qui font partie des principaux détenteurs de mines antipersonnel, n’ont signé ce traité d’Ottawa.

Pourquoi fournir de telles armes à l’Ukraine ?

Washington espère par cette mesure contribuer à ralentir l’avancée de l’armée russe dans l’Est, ont fait savoir deux responsables américains au Washington Post, qui a révélé cette annonce mardi. Les champs de mines sont effectivement généralement mis en place, soit pour retarder l’avance de l’ennemi, soit pour le détourner de sa route en le forçant à pénétrer dans des zones plus facilement défendables. Ces mines auraient ainsi vocation à être utilisées sur le territoire ukrainien, particulièrement dans l’Est. L’Ukraine se serait engagée à ne pas utiliser ces mines dans les zones fortement peuplées par ses propres civils.

Joe Biden s’était montré réticent jusqu’ici à fournir ce type de mines très controversé à l’Ukraine. Mais les récents progrès de la Russie sur le champ de bataille semblent contraindre la Maison-Blanche à trouver de nouveaux moyens d’aider Kiev, surtout après la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle, puisque ce dernier pourrait revoir l’aide américaine à l’Ukraine.

Comment la Russie réagit-elle ?

La Russie a accusé mercredi les Etats-Unis de prolonger la guerre en renforçant ses livraisons d’armes à Kiev. « Ils sont pleinement dévoués au prolongement de la guerre en Ukraine et font tout ce qu’ils peuvent à cette fin », a réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, tout en relatant ne pas pouvoir confirmer que Washington fournira à Kiev des mines antipersonnel.

Mais la Russie a de son côté également déployé, depuis le début de la guerre, des mines terrestres antipersonnel sur les lignes de front, pour ralentir la progression des troupes ukrainiennes.

Une décision condamnée par une organisation de lutte contre les mines antipersonnel

Contactée par 20 Minutes, la Campagne internationale pour interdire les mines (ICBL) « condamne dans les termes les plus fermes la décision annoncée par l’administration Biden de transférer des mines antipersonnel en Ukraine » et « exhorte vivement le gouvernement américain à revenir sur sa décision.

« Ces armes horribles et aveugles ont été interdites par le Traité d’interdiction des mines de 1997 en raison de leur impact dévastateur sur la vie et les moyens de subsistance des civils, et il n’existe aucune circonstance dans laquelle l’Ukraine, en tant qu’État partie, peut les acquérir, les stocker ou les utiliser » rappelle Tamar Gabelnick, directrice de l’ICBL. « Lorsque le Traité d’interdiction des mines a été négocié, les États étaient fermement attachés à l’idée selon laquelle il ne devrait y avoir aucune exception ni échappatoire pour les mines antipersonnel, y compris pour les mines équipées de mécanismes dits d’autodestruction ou d’autodésactivation. »

Tamar Gabelnick estime aussi que « l’Ukraine est déjà confrontée à de longues années de déminage à cause de l’utilisation massive de mines terrestres par la Russie ; elle ne doit pas aggraver la contamination elle-même, sachant l’impact que cela aura sur sa propre population dans les décennies à venir. »