International

Guerre à Gaza : Le seuil de la malnutrition a-t-il été trafiqué par l’ONU pour déclarer la famine ? C’est faux

Une fausse information qui a la peau dure… Et si la famine à Gaza n’existait finalement pas et qu’il s’agissait d’un discours du Hamas partagé par les médias occidentaux ? C’est ce que certains voudraient faire croire.

Depuis plusieurs mois des images de femmes, d’hommes, et surtout d’enfants chétifs sont envoyées depuis Gaza. Les associations humanitaires et les ONG alertent sur le blocage des convois d’aide alimentaire et médicale, et donc sur le manque flagrant et grandissant de nourritures. Finalement, ce 22 août, l’ONU a officiellement déclaré la famine à Gaza. Mais même après l’annonce par une institution aussi reconnue, certains ne veulent pas y croire.

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Il n’aura suffi que de quelques heures avant que le ministère des Affaires étrangères d’Israël ne publie lui-même un communiqué affirmant : « L’IPC manipule les standards pour coller au narratif du Hamas. » Une déclaration faite également par plusieurs autres officiels. Et de marteler à nouveau : « Il n’y a pas de famine à Gaza. »

FAKE OFF

L’argument, largement repris sur les réseaux sociaux dans les sphères pro-israël, soutient que les indicateurs qui permettent de déclarer une famine ont été modifiés.

Et pour preuve, selon les publications la famine n’aurait été déclarée au Soudan et en Somalie que lorsque la malnutrition aurait atteint 30 %. « Gaza : 15 % de malnutrition », poursuivent-ils. Sauf que ces indicateurs n’ont pas été changés récemment. Les auteurs de ces publications ont – peut-être volontairement – mélangé les chiffres.

Pour suivre la faim dans le monde, un outil appelé « Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire », ou IPC, a été mis au point en 2004 par l’ONU. « En plus de 20 ans d’application, l’IPC s’est révélé être l’une des meilleures pratiques dans le domaine de la sécurité alimentaire mondiale », détaille même l’organisation.

Deux indicateurs utilisés pour décréter la famine

Cet outil permet normalement de tirer la sonnette d’alarme quand des cas de malnutrition trop nombreux sont relevés, comme ça a été fait depuis des mois à Gaza. Ainsi, il est possible d’éviter d’en arriver à des stades trop graves, comme la famine. Dans ce cas, s’agissant d’une guerre, et en raison du blocage des denrées alimentaires ou des attaques lors des distributions, l’empêcher n’a pas été possible.

Deux critères peuvent être utilisés pour définir la malnutrition chez les enfants. D’abord, le rapport taille-poids des enfants, appelé WHZ. Ensuite, la circonférence du bras au niveau du biceps, appelé scientifiquement périmètre brachial, ou encore MUAC. Et c’est bien de là que semble venir la confusion.

Le seuil qui permet de classer la situation comme étant une famine est de 30 % pour le rapport taille-poids, mais de 15 % pour le tour de bras. C’est ce deuxième critère qui a été utilisé à Gaza selon le rapport du mois d’août. La différence de pourcentage entre la famine déclarée au Soudan et à Gaza vient donc simplement des différents indicateurs utilisés.

Une situation qui s’aggrave encore

Même l’intelligence artificielle de X, Grok, s’est emmêlé les pinceaux avant même que l’ONU ne déclare la famine. Les internautes sont nombreux à l’interroger dans les commentaires de publications sur lesquelles ils ont un doute. Celui-ci a indiqué, le 13 août : « Oui, l’IPC (affilié à l’ONU) a modifié ses critères le 29 juillet 2025 pour Gaza, abaissant le seuil de malnutrition aiguë de 30 % à 15 % via mesure MUAC, facilitant une déclaration de famine. »

Retrouvez notre dossier sur le conflit israélo-palestinien

Toutefois, la famine n’est généralement pas déclarée sur la seule base des données du périmètre brachial. Car si cet indice correspond bien à la phase 5 il convient aussi à la phase 4. Mais les études menées au fil des années ont permis aux experts d’estimer que le MUAC est « d’environ la moitié de celui mesuré par le WHZ ».

Le rapport indique donc : « La combinaison de cette information et des facteurs contextuels permettent de déterminer que le seuil approprié pour classer une situation en phase 5 (extrêmement critique) de malnutrition aiguë est de 15 %. » L’ONU alerte à présent sur la situation qui continue de s’aggraver. L’organisation s’attend à des données bien plus mauvaises au mois de septembre, et ainsi de suite si l’aide alimentaire ne parvient pas rapidement en plus grand nombre à Gaza.