Groenland : Trump reparle d’annexion, l’Otan embarrassé, les Groenlandais s’inquiètent
La rencontre entre Donald Trump et Mark Rutte, secrétaire général de l’Otan, devait porter sur la défense et la sécurité transatlantique. Mais c’était sans compter sur le programme de Donald Trump.
Le président américain a surpris son invité en réaffirmant sa volonté d’annexer le Groenland, territoire autonome du Danemark, membre fondateur de l’Alliance atlantique.
« Cela va arriver »
Interrogé dans le Bureau ovale sur ses ambitions concernant l’immense île arctique, Donald Trump a répondu sans détour : « Cela va arriver », avant de se tourner vers Mark Rutte, assis à ses côtés. « Je suis assis ici avec un homme qui pourrait jouer un rôle clé », a-t-il ajouté, insistant sur l’importance stratégique du Groenland pour la sécurité internationale. « Vous savez Mark, nous en avons besoin pour la sécurité internationale. »
Pris de court, le chef de l’Otan a tenté d’éviter la polémique. « Je vais rester en dehors de cette discussion », a-t-il répondu avec un rire gêné, soulignant qu’il ne souhaitait « pas entraîner l’Otan là-dedans ». Une (nouvelle) déclaration de Donald Trump qui intervient alors que le Groenland, après des élections législatives, cherche à former un gouvernement capable de définir sa marche vers l’indépendance, précisément pour éviter d’être une cible des ambitions américaines.

La guerre en Ukraine en toile de fond
Si Mark Rutte a esquivé la question du Groenland, il a néanmoins salué le rôle de Donald Trump dans le renforcement de l’Otan. L’ancien Premier ministre néerlandais a rappelé que les pays européens avaient considérablement augmenté leurs budgets militaires sous la pression du président américain, notamment depuis son retour au pouvoir en janvier. « Ce qui s’est passé ces dernières semaines est vraiment impressionnant », a-t-il souligné, en référence aux annonces d’investissements militaires en Allemagne et aux nouveaux projets européens.
Cette rencontre s’est tenue dans un contexte particulièrement délicat pour la guerre en Ukraine. Donald Trump a jugé « prometteuse » une récente déclaration de Vladimir Poutine sur une éventuelle trêve, tout en la considérant « incomplète ». De son côté, Mark Rutte a estimé que le président américain avait « sorti la situation de l’impasse », laissant entendre que sa stratégie diplomatique avait permis des avancées.
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Trump continue de bousculer l’Otan
Malgré les compliments de Mark Rutte, Donald Trump n’a pas atténué ses critiques envers l’Otan. Il a réaffirmé que les pays membres de l’alliance devaient augmenter leurs dépenses militaires, exigeant qu’ils atteignent 5 % de leur PIB – au lieu des 2 % actuellement requis.
Le président américain s’est également interrogé sur la solidarité réelle des alliés, doutant que des pays comme la France viendraient en aide aux États-Unis en cas de conflit. Des propos qui avaient suscité une réaction immédiate d’Emmanuel Macron, qui a rappelé l’importance du « respect entre pays alliés ». Derrière ces tensions se pose la question fondamentale de l’article 5 du traité de l’Otan, qui engage une riposte collective en cas d’attaque contre un pays membre. Un article qui n’a été invoqué qu’une seule fois dans l’histoire : après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.