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Gaza : La réunion à Paris sur l’après-guerre ne passe pas en Israël

Une réunion prévue jeudi à Paris des ministres de pays européens et arabes pour discuter des « modalités d’un engagement collectif » pour l’après-guerre dans la bande de Gaza a suscité l’agacement d’Israël. Le ministre israélien des Affaires étrangères Gideon Saar a déclaré que « la nouvelle initiative du gouvernement français, à un moment aussi sensible des négociations à Charm el-Cheikh, est superflue et préjudiciable ».

Une « tentative d’internationalisation du conflit ». Une réunion des ministres de pays européens et arabes se tiendra jeudi à Paris pour discuter des « modalités d’un engagement collectif » pour l’après-guerre dans la bande de Gaza, ce qui a déjà provoqué l’agacement d’Israël.

« Cette réunion constitue une nouvelle étape des efforts de la France pour mettre fin à la guerre à Gaza et ouvrir la voie à la paix », a déclaré une source diplomatique française, précisant que l’ordre du jour inclura « les principaux paramètres » concernant la sécurité, la gouvernance et la reconstruction.

Une initiative jugée « superflue et préjudiciable »

Cependant, Gideon Saar, le ministre israélien des Affaires étrangères, a qualifié cette « nouvelle initiative du gouvernement français, à un moment aussi sensible des négociations à Charm el-Cheikh, de superflue et préjudiciable », selon un message posté sur X. Des discussions sont en cours cette semaine en Egypte pour parvenir à un cessez-le-feu dans le petit territoire dévasté par deux ans de conflit entre le Hamas et Israël.

Les ministres du « Quint européen » (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni), du « Quint arabe » (Arabie saoudite, Egypte, Émirats Arabes Unis, Jordanie, Qatar) ainsi que ceux de l’Union européenne, du Canada et de Turquie, visent à montrer « leur soutien » jeudi aux négociations en cours basées sur le plan proposé par le président américain Donald Trump, ont insisté des sources diplomatiques françaises mercredi.

Coïncidence ou non, peu avant l’annonce du ministre israélien, la participation du secrétaire d’État américain Marco Rubio a été annulée, officiellement en raison de problèmes logistiques.

« Journée importante »

Pour les Israéliens, la réunion de jeudi représente « une tentative supplémentaire du président Macron de détourner l’attention de ses problèmes intérieurs au détriment d’Israël », a souligné Gideon Saar, faisant référence à la crise politique actuelle en France après la démission surprise du Premier ministre Sébastien Lecornu lundi.

« Les participants peuvent aborder les sujets de leur choix, mais aucun accord à Gaza ne pourra être établi sans le consentement d’Israël », a insisté le ministre israélien. « Rien ne sera décidé sur Israël sans Israël. Israël n’acceptera pas l’internationalisation du conflit ! »

Antonio Tajani, le ministre italien des Affaires étrangères, a estimé que jeudi serait « une journée importante ». « Notre pays est prêt à participer au processus politique d’après-guerre pour la reconstruction et la réunification de la Palestine », a indiqué une source diplomatique italienne, affirmant que le Plan Trump était « le seul possible ».

Annoncé le 29 septembre, le plan du président américain prévoit un cessez-le-feu, la libération dans les 72 heures des otages retenus à Gaza, le retrait progressif de l’armée israélienne et le désarmement du Hamas.

« Le gouvernement italien est également prêt à envisager, comme contribution à la Force internationale de stabilisation (ISF) prévue par le plan du Président Trump, le déploiement potentiel de Carabinieri pour former les nouvelles forces de police dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, où les Carabinieri sont déjà présents », a ajouté cette source.

« Agir ensemble »

« En ces heures et jours de diplomatie, il est essentiel d’agir ensemble et de s’atteler à la tâche », a déclaré mercredi le ministre allemand des Affaires étrangères Johann Wadephul. « De nombreux États sont prêts à s’engager pour que le plan de paix américain aboutisse et que l’espoir de paix devienne rapidement réalité », a-t-il ajouté. « Pour cela, Gaza ne doit plus représenter une menace pour Israël. Et pour cela, les habitants de la bande de Gaza ont avant tout besoin, outre l’aide humanitaire urgente, de perspectives politiques et économiques. »

Cette réunion s’inscrit dans la continuité de l’initiative franco-saoudienne en faveur de la solution à deux États, qui a conduit à la déclaration de New York l’été dernier et « a facilité l’adoption du plan américain », ont expliqué des sources diplomatiques françaises.

Cependant, le gouvernement israélien est particulièrement irrité par l’invitation faite à des gouvernements jugés « ouvertement hostiles à Israël, comme celui de (l’Espagnol Pedro) Sanchez ». Cela est « particulièrement inacceptable », a-t-il écrit. Le ministère français des Affaires étrangères a refusé de commenter ces critiques.