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France : Macron nomme François Bayrou Premier ministre

Le président du MoDem François Bayrou s’est vu confier ce vendredi par Emmanuel Macron les rênes de Matignon, succédant à Michel Barnier pour tenter d’extirper la France de l’impasse politique et budgétaire. Le centriste, allié du président, avait été reçu dans la matinée à l’Élysée

Fin du suspense. Emmanuel Macron a mis fin vendredi 13 décembre à une semaine d’attente en nommant le centriste François Bayrou, 73 ans, au poste de Premier ministre avec l’âpre mission de restaurer la stabilité politique en France dans un contexte économique dégradé.

Cette nomination fait suite à la démission de Michel Barnier, dont le gouvernement installé depuis à peine trois mois a été censuré le 4 décembre par l’Assemblée nationale après avoir engagé sa responsabilité sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025, du jamais vu depuis 1962.

Accord de non-censure

Emmanuel Macron, qui avait mis deux mois à nommer Michel Barnier en septembre à Matignon, est allé plus vite cette fois, l’absence de gouvernement empêchant l’adoption d’un budget pour l’an prochain sur fond de sombres prévisions économiques dans un pays plombé par sa dette.

François Bayrou devra user de toute son expérience politique et de ses talents de conciliateur pour composer avec une Assemblée nationale fragmentée où le Nouveau front populaire (NFP) et le Rassemblement national (RN) sont en embuscade, prêts à une nouvelle censure.

En recevant mardi les responsables des partis – hors Rassemblement national et France insoumise -, Emmanuel Macron a émis le souhait de ne pas dissoudre de nouveau l’Assemblée dans les 30 mois le séparant à la fin de son mandat, prônant un accord de « non-censure » synonyme de stabilité pour le nouveau gouvernement.

L’exécutif pourrait, de son côté, s’engager à ne plus utiliser l’article 49.3 de la Constitution qui permet d’adopter sans vote un texte de loi, considérée par l’opposition comme une brutalité anti-démocratique et ouvrant la voie au dépôt d’une motion de censure. En vertu de cette méthode, des compromis devront être trouvés entre les partis situés de part et d’autre de l’échiquier politique, y compris pour la composition du nouveau gouvernement.

Un budget à définir d’urgence

A gauche, La France insoumise (LFI) a d’ores et déjà menacé vendredi de déposer une motion de censure. « Après avoir perdu toutes les dernières élections, Macron installe son premier et dernier soutien à Matignon. Faire tomber Bayrou, ce sera donc faire tomber Macron. Nous déposerons une motion de censure ! », a annoncé sur X le coordinateur national de LFI Manuel Bompard.

La secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, a réagi également avec sévérité à la nomination de François Bayrou, déplorant devant des journalistes un spectacle « désespérant ». « Ce n’est plus de la politique, c’est du mauvais théâtre de boulevard. Pauvre France… », écrit-elle sur X.

Sur BFMTV, le secrétaire général du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, s’est dit pour sa part prêt à travailler avec François Bayrou si le nouveau Premier ministre s’engage à ne pas utiliser l’article 49.3 de la Constitution.

Du côté du RN, le président du parti Jordan Bardella a exclu une censure a priori du nouveau gouvernement tout en rappelant les « lignes rouges » de sa formation sur le projet de budget. « Ce nouveau Premier ministre doit prendre en considération la nouvelle donne politique et il doit entendre qu’il n’a pas de légitimité démocratique ni de majorité à l’Assemblée nationale, ce qui suppose donc un dialogue nécessaire avec l’ensemble des forces représentées au Parlement », a-t-il dit devant la presse.

Pour pallier l’absence de budget pour 2025, le gouvernement démissionnaire a adopté mercredi en conseil des ministres une loi spéciale permettant la continuité de l’Etat, notamment le prélèvement des impôts et le versement du traitement des fonctionnaires. Le texte doit être examiné lundi 16 décembre à l’Assemblée nationale et le mercredi suivant au Sénat.

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