Ethiopie : Pourquoi le quai d’Orsay conseille-t-il de ne plus se rendre dans la région de Tigré ?

Les souvenirs de la guerre civile au Tigré sont encore vifs. Les récents affrontements entre deux factions divisées du parti au pouvoir de cette région éthiopienne font craindre un nouveau regain de violence. Des tensions qui poussent l’Etat français à « formellement » déconseiller ses ressortissants à se rendre dans la zone.
« Compte tenu des affrontements internes en cours au Tigré, notamment à Adigrat [deuxième ville de la région] et dans la capitale régionale Mekele, tout déplacement dans l’ensemble de la région du Tigré est désormais formellement déconseillé », a averti mercredi le ministère français des Affaires étrangères sur son site internet, ajoutant qu’il est « demandé aux ressortissants français de passage de quitter le Tigré dans les meilleurs délais ».
Paris a également demandé aux ressortissants français au Tigré de « constituer des stocks de sécurité (nourriture, eau, médicaments, éventuellement carburant) et de faire preuve de la plus grande prudence ». La diplomatie française a également enjoint « d’éviter tout déplacement non indispensable » dans le nord de la région Afar, frontalière de l’Erythrée, alors que les tensions sont également vives entre les deux voisins de la Corne de l’Afrique.
Violente guerre civile
La région a été le théâtre entre novembre 2020 et novembre 2022 d’un des conflits les plus violentes des dernières décennies entre les forces fédérales, appuyées par des milices locales et l’armée érythréenne, et les rebelles tigréens.
Cette guerre a entraîné la mort d’au moins 600.000 personnes au Tigré, région qui compte environ 6 millions d’habitants, selon l’Union africaine. Les armes se sont finalement tues après un accord de paix signé à Pretoria, en Afrique du Sud.
Tensions et divisions
Mais depuis plusieurs mois, les divisions sont vives au sein du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), un parti autrefois hégémonique en Ethiopie. Un haut cadre du parti, Getachew Reda, s’oppose au numéro 1 du TPLF, Debretsion Gebremichael.
Mardi, l’administration intérimaire du Tigré a annoncé le renvoi de trois hauts gradés des Forces de défense du Tigré (TDF, armée locale). Mais la décision n’a pas été reconnue Debretsion Gebremichael. Le même jour, les forces fidèles à ce dernier ont pris le contrôle d’Adigrat. « La ville est soumise à une tension renouvelée, la population craint de revenir aux mauvais jours de la période de guerre », a déclaré à l’AFP un habitant de la ville, qui a requis l’anonymat.
Mercredi, l’administration intérimaire a demandé au gouvernement éthiopien « d’apporter une assistance nécessaire », sans donner plus de détails sur la forme de cette assistance. Les autorités fédérales ne se sont pour l’heure pas prononcées.