Etats-Unis : Violences, abus sexuels, drogues… L’accusation dépeint la « face cachée » de P. Diddy

Aux Etats-Unis, le roi déchu du Hip-Hop doit désormais s’expliquer devant la justice sur des faits particulièrement graves. Le rappeur et producteur P. Diddy a été dépeint en chef violent et menaçant d’un trafic sexuel par l’accusation et les premiers témoins lundi à son procès à New York, la « face cachée » d’un artiste et homme d’affaires à succès qui a régné durant trois décennies.
Face à cette présentation sombre, détaillant de nombreuses violences et abus sexuels, notamment sur son ancienne compagne, la star du R&B Cassie, les avocats de Diddy, 55 ans, ont tenté de ramener le dossier à une « affaire d’amour, de jalousie, d’infidélité et d’argent ».
« Une icône » avec une « face cachée »
Devant douze jurés et six suppléants méticuleusement sélectionnés par les deux camps tout au long de la semaine dernière, le procès très médiatisé de cette figure du rap américain, aujourd’hui derrière les barreaux, est entré dans le vif du sujet lundi devant le tribunal fédéral de Manhattan. Les jurés, qui vont rester anonymes, devront dire si l’artiste aux multiples Grammys et producteur à succès, qui a aussi fait fortune dans la mode et les alcools, a mis depuis au moins 2004 sa notoriété, sa richesse financière et son influence redoutée dans le milieu du hip-hop au service de ce trafic sexuel.
Sean Combs – le vrai nom de Diddy – était « une icône culturelle, un homme d’affaires hors normes », a déclaré la procureure Emily Johnson. « Mais il avait une « face cachée », celle d’un homme qui dirige une entreprise criminelle », a-t-elle immédiatement ajouté.
Elle a affirmé que Combs battait « brutalement » son ancienne petite amie, la chanteuse Casandra « Cassie » Ventura, et qu’il menaçait de diffuser les vidéos qu’il filmait quand elle devait participer à des marathons sexuels avec des travailleurs du sexe. « Cette affaire n’a rien à voir avec les préférences sexuelles privées d’une célébrité », a insisté la procureure. « Il s’agit d’actes coercitifs et criminels par nature », a-t-elle ajouté sous le regard attentif de Sean Combs, assis entre ses avocats, les cheveux blanchis après huit mois de détention. Dans la salle, la mère de l’accusé est présente, ainsi que plusieurs de ses enfants, dont ses deux filles jumelles.
La défense rejette les accusations
Sean Combs, dont la fortune avait été évaluée à plus de 700 millions de dollars par Forbes, est jugé pour trafic à des fins d’exploitation sexuelle, transport de personnes à des fins de prostitution, ainsi que des actes d’enlèvement, corruption et de violences regroupés sous l’inculpation d’entreprise criminelle. Il risque la prison à vie. D’après l’accusation, il obligeait ses employés à distribuer des drogues aux victimes lors des marathons sexuels. Ils auraient aussi eu pour tâche de les faire taire ensuite.
Mais la défense a dépeint une tout autre réalité. Les accusatrices ? Des « femmes adultes, fortes, en pleine capacité ». Sa relation avec Cassie ? « Une histoire toxique entre deux personnes qui s’aimaient », a plaidé Teny Geragos, l’une des avocates de la star. « Ce n’est pas du trafic sexuel », a-t-elle insisté en décrivant la relation de P. Diddy et la chanteuse. Selon l’avocate, la défense admet qu’il y a eu des violences conjugales, mais l’accusé n’est pas jugé pour de tels faits.
Cassie attendue au tribunal
Témoin clé de l’accusation, Cassie pourrait être appelée à livrer sa vérité devant le jury dès ce mardi. Une vidéo diffusée l’an dernier par CNN et captée par des caméras de surveillance avait montré Sean Combs se déchaîner violemment contre elle en 2016 dans un couloir d’hôtel de Los Angeles. Le premier témoin lundi, Israel Florez, est l’agent de sécurité qui est intervenu ce jour-là. D’après lui, lorsqu’il a raccompagné le rappeur à sa chambre, ce dernier aurait tenté de le soudoyer pour ne rien dire avec une grosse liasse de billets.
Notre dossier Justice
P. Diddy clame son innocence et assure n’avoir eu que des rapports sexuels consentis. Il a refusé un accord de plaider-coupable proposé par l’accusation, dont les détails n’ont pas été révélés.