Etats-Unis : Une prof d’université renvoyée au Liban après avoir assisté à des funérailles liées au Hezbollah

Elle possède un visa H1-B valide et occupe un poste de professeure de néphrologie au sein de la prestigieuse école de médecine de l’Université de Brown (Rhode Island). Pourtant, Rasha Alawieh a été expulsée vers le Liban la semaine dernière, dans des circonstances qui font débat.
Arrêtée à l’aéroport international de Boston Logan à son retour d’un voyage en famille, elle a été détenue pendant trente-six heures sans justification officielle ni accès à un avocat.
« Le visa est un privilège, pas un droit »
Le Département de la Sécurité Intérieure (DHS) a déclaré lundi que Rasha Alawieh avait révélé aux agents de l’immigration que pendant son séjour au Liban elle avait assisté aux funérailles d’Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah, une organisation désignée comme terroriste par les États-Unis. L’agence a justifié son expulsion en affirmant que « le visa est un privilège, pas un droit – glorifier et soutenir des terroristes qui tuent des Américains constitue un motif de refus de visa ».
Alors pourquoi cette expulsion fait-elle si grand bruit aux Etats-Unis ? Selon NBC News, c’est parce qu’elle a eu lieu en dépit d’un ordre du tribunal fédéral du Massachusetts qui interdisait son expulsion sans un préavis de 48 heures et une justification permettant à la Cour d’examiner l’affaire. Cet ordre visait à garantir que Rasha Alawieh puisse défendre son cas avant toute action irréversible des autorités migratoires. Pourtant, la professeure a été renvoyée vers le Liban avant même que la justice américaine puisse se prononcer. Selon des documents judiciaires, les agents des douanes et de la protection des frontières (CBP) ont affirmé ne pas avoir reçu l’ordonnance à temps, soulevant de vives critiques et des accusations de non-respect des procédures légales. En réaction, les procureurs fédéraux ont défendu les agents du CBP, assurant que leur intention n’était pas d’ignorer une décision de justice, mais qu’ils en avaient simplement eu connaissance trop tard.
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« Une médecin talentueuse, attentive et respectée de ses patients »
Le représentant au Congrès du Rhode Island, Gabe Amo sur X (ex-Twitter), a déclaré que son bureau travaillait à « évaluer les faits entourant l’expulsion de Rasha Alawieh, y compris l’apparente violation d’un ordre fédéral ». Il a insisté sur la nécessité d’obtenir des réponses claires du DHS.
George Bayliss, un médecin collègue de Rasha Alawieh a exprimé sa consternation face à cette décision, soulignant qu’elle était une « médecin talentueuse, attentive et respectée par ses patients ». Il a ajouté qu’un patient, en tentant de prendre rendez-vous lundi, avait refusé d’être vu par un autre médecin après avoir appris son absence.
Des craintes sur la liberté académique et les restrictions migratoires
L’affaire a pris une dimension politique et sociale plus large, notamment auprès des défenseurs des libertés civiles. Le Conseil sur les Relations Américano-Islamiques (CAIR) a dénoncé un « manque flagrant de respect pour le droit au procès équitable » et a appelé à la réadmission immédiate de Rasha Alawieh dans un post sur X (ex-Twitter). L’organisation craint que cette expulsion ne fasse partie d’une tendance plus large visant les universitaires musulmans et étrangers sous prétexte de sécurité nationale.
Face aux incertitudes croissantes, l’Université de Brown a émis un avertissement à ses employés, leur recommandant d’être prudents lors de voyages internationaux, et ce notamment pour les détenteurs de visas et les résidents permanents. L’administration a également suggéré de reconsidérer certains déplacements domestiques en raison de « l’évolution du paysage politique fédéral ». L’affaire continue de faire débat et l’audience sur la légalité de l’expulsion a été reportée d’une semaine, le temps pour la nouvelle équipe juridique de Rasha Alawieh de préparer sa défense.