International

Etats-Unis : Trump juge que les Européens sont des « profiteurs »

C’est une fuite explosive qui risque de creuser un peu plus le fossé entre Washington et ses alliés européens. Lundi, le magazine The Atlantic a révélé une conversation privée entre plusieurs hauts responsables de l’administration Trump, dans laquelle l’Europe est qualifiée de « parasite », « pathétique » et « passager clandestin » du système de défense américain. La discussion, tenue sur l’application chiffrée Signal, a fuité après qu’un journaliste du magazine y a été ajouté par erreur.

Ces échanges concernaient des frappes militaires envisagées contre les rebelles houthis au Yémen. Le vice-président JD Vance écrivait : « Je déteste devoir encore sauver l’Europe », ce à quoi le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a répondu : « Je partage totalement ta haine du parasitisme européen. C’est PATHÉTIQUE. » Un autre conseiller proposait carrément de faire payer les Européens pour l’intervention – même si aucune demande officielle n’avait été formulée par les capitales européennes.

« Oui, je pense qu’ils ont été des profiteurs »

Mardi, interrogé sur ces propos, Donald Trump a pleinement assumé : « Oui, je pense qu’ils ont été des profiteurs », a-t-il déclaré, avant d’ajouter que « l’Union européenne a été absolument horrible avec nous ». Il a notamment évoqué les dépenses militaires américaines dans le cadre de l’OTAN et le soutien à l’Ukraine, qu’il estime trop lourdement assumés par les États-Unis.

Le président américain critique depuis longtemps les engagements européens jugés insuffisants en matière de défense. Il a plusieurs fois menacé de ne pas défendre les membres de l’OTAN ne respectant pas leurs obligations financières.

Des captures d'écran des messages envoyés sur l'application Signal dévoilés dans la presse.
Des captures d’écran des messages envoyés sur l’application Signal dévoilés dans la presse. - NewsWeek

Colère froide en Europe

À Bruxelles comme à Londres, la révélation des messages a provoqué une vive réaction, selon Politico. Si les ministres britanniques ont tenté de minimiser l’incident, plusieurs diplomates européens parlent de trahison et de mépris assumé. Un haut responsable européen interrogé par Politico confie : « C’est dur de lire ce qu’ils pensent vraiment de nous quand ils croient que personne ne les écoute. Mais au fond, on n’est pas surpris. »

L’ancien ministre britannique de la Défense Grant Shapps a rappelé que le Royaume-Uni avait pourtant pris part aux frappes, avec des avions de la Royal Air Force et des navires de la Royal Navy. « Certains à Washington doivent être rééduqués » sur ce qu’est un allié, a-t-il posté sur X (ex-Twitter).

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« Il n’y a pas d’alliance sans confiance. Et aujourd’hui, la confiance n’y est plus »

Comme le souligne The New York Times, cette séquence s’inscrit dans une refonte totale de la politique étrangère américaine. Le discours de JD Vance à Munich en février, dans lequel il qualifiait la démocratie européenne de « suicide civilisationnel », avait déjà choqué les partenaires du Vieux Continent.

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Face à ce désengagement américain, l’Union européenne cherche à reprendre la main sur sa propre sécurité. Un sommet européen se tiendra jeudi à Paris pour discuter du soutien à l’Ukraine. L’Union Européenne planche aussi sur un plan d’investissement militaire pouvant atteindre 800 milliards d’euros. Mais la confiance est entamée. Comme l’a résumé un diplomate européen cité par Politico : « Il n’y a pas d’alliance sans confiance. Et aujourd’hui, la confiance n’y est plus. »