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Etats-Unis : Qu’est-ce que le gang Tren de Aragua, que Donald Trump veut démanteler ?

Sur une vidéo, cinq jeunes hommes sont rassemblés dans une cage d’escalier, devant la porte de l’appartement 301. L’un d’eux porte un fusil d’assaut, un autre tambourine à la porte, et soudain le groupe entre de force dans l’appartement. La scène, racontée par la BBC, a été filmée au mois d’août à Aurora, dans le Colorado, par un membre du gang vénézuélien Tren de Aragua.

Tout au long de sa campagne électorale, Donald Trump a utilisé cette histoire pour faire un lien entre délinquance et immigration, désignant la banlieue de Denver comme une « zone de guerre ». Dans la foulée de son investiture, le président américain a signé un décret pour « désigner les cartels comme des organisations terroristes étrangères », ciblant notamment Tren de Aragua. Mais d’où vient ce gang exactement ? Comment a-t-il étendu ses activités jusqu’aux Etats-Unis ? Pourquoi inquiète-t-il autant les autorités américaines ? 20 Minutes fait le point.

C’est quoi le gang Tren de Aragua ?

Tout commence avec un syndicat de cheminots né dans les années 2000. Au fil du temps dans un pays où la corruption est monnaie courante, certains ouvriers « trouvent des opportunités criminelles », indique une note de l’Ofpra envoyée au Figaro, et finissent par se retrouver à la prison de Tocoron, dans l’Etat d’Aragua. Là, ils commencent à former un gang, le « Train d’Aragua », autour de Héctor Rutherford Guerrero Florès, un criminel, au début des années 2010.

Au même moment, le Venezuela décide de déléguer la gestion de ses prisons… aux prisonniers eux-mêmes. Dans la prison de Tocoron, Florès, s’élève au rang de « prane » à la tête d’une organisation très hiérarchisée. Des milliers de prisonniers paient une « taxe pénitentiaire » au Tren de Aragua, qui en reverse une partie aux gardiens pour qu’ils détournent le regard. Pendant ce temps, les membres du gang s’aménagent une piscine luxueuse et une discothèque dans la prison.

Comment a-t-il étendu ses activités ?

Au fil des années et de la libération de certains de ses membres, le Tren de Aragua implante ses activités criminelles au Venezuela, créé des alliances avec d’autres gangs et se diversifie. Trafic de drogue, de voitures, d’armes, exploitation de mines illégales, prostitution et meurtres, pas un domaine n’échappe à ce gang tentaculaire. Selon le Figaro et la BBC, le « Train » compterait plus de 5.000 membres dans ses diverses branches.

En mai 2019, le gang s’était même permis d’attaquer un convoi militaire vénézuélien, mécontent de les voir opérer sur « leur territoire ». Une attaque organisée depuis la prison de Tocoron, qui a coûté la vie à trois militaires et deux policiers. Selon l’Ofpra, le gang s’est aussi introduit dans la diaspora vénézuélienne en Amérique du Sud, qui compte 5 millions de personnes, en y établissant aussi un système mafieux à partir de 2018. Face aux autres cartels en Colombie, à Bogota, ou au Chili, le Tren de Aragua n’hésite pas à multiplier les assassinats pour s’étendre, quitte à s’attaquer aux Farcs. Rien qu’au Brésil, le gang compte un millier de membres.

Quelle menace représente-t-il aux Etats-Unis ?

Selon la BBC, le gang s’est infiltré aux Etats-Unis à partir de 2021, toujours grâce à la diaspora. Si ses activités y étaient au départ limitées, elles ont explosé depuis deux ans. En mai 2024, les autorités fédérales ont ainsi découvert un réseau de trafic sexuel couvrant cinq Etats, relate la BBC. Des femmes vénézuéliennes étaient ainsi contraintes de se prostituer pour payer leurs dettes auprès du gang, qui facilite leur immigration illégale.

Après la vidéo du mois d’août, la ville d’Aurora a été à nouveau liée au gang le 16 décembre, lorsque 14 personnes ont pénétré l’appartement de deux Vénézuéliens qu’elles ont torturés. En Floride, un membre supposé du gang est par ailleurs soupçonné d’avoir kidnappé et tué un policier vénézuélien à la retraite. Deux policiers new-yorkais ont eux été la cible de tirs du gang en juin 2024. Deux autres membres du « Train » sont suspectés d’avoir violé et tué une fillette de 12 ans sur un pont à Houston en octobre.

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Déjà qualifié par Joe Biden « d’organisation criminelle transnationale », le Tren de Aragua est donc désormais classé comme organisation terroriste par les Etats-Unis, qui soupçonnent l’Etat vénézuélien de soutenir le gang. Avec cette nouvelle classification, Donald Trump n’a pas exclu de conduire une attaque militaire en Amérique du Sud contre le « Train ». Une récompense de 5 millions est offerte pour toute information susceptible de permettre l’arrestation de Florès.