États-Unis : Pourquoi les Américains sont-ils obsédés par le prix des œufs ?
«Et on en parle du prix des œufs ? » Cette phrase, devenue un running gag sur les réseaux sociaux, a inondé les commentaires des posts de l’administration Biden, et maintenant ceux de Donald Trump. Ce qui était autrefois un aliment banal est devenu un symbole du ras-le-bol économique américain. Certains analystes affirment même que la flambée du prix des œufs a joué un rôle dans la victoire de Trump, qui a promis de rendre la vie des Américains plus abordable.
Depuis deux ans, le prix de la douzaine d’œufs explose. La faute à une épidémie de grippe aviaire hors normes, détectée aux États-Unis en février 2022, qui a conduit à l’abattage de plus de 145 millions de volailles. Moins de poules, moins d’œufsmais la demande reste.
En décembre 2024, la douzaine d’œufs coûtait en moyenne 4,15 dollars, en hausse de 8,4 % sur un mois, selon Morning Brew. Dans certains États, on frôle même les 10 dollars. Ajoutez à cela l’hiver et son pic de consommation – fêtes de fin d’année, pâtisseries maison, brunchs à rallonge – et la pénurie s’est aggravée. Résultat : des rayons vides, un rationnement et une inflation galopante qui transforme les œufs en produit de luxe.
Un ingrédient omniprésent dans l’alimentation américaine
Aux États-Unis, les œufs sont partout. Le matin, ils sont rois : brouillés, pochés, au plat ou glissés dans un burrito. Ils sont aussi les chouchous des adeptes de la musculation, vendus en bouteille sous forme de « blancs d’œufs liquides ». En fast-food, ils garnissent sandwichs et burgers. Autrefois, c’était une source de protéines abordable. Aujourd’hui, les ménages modestes doivent y réfléchir à deux fois avant d’ajouter une boîte à leur caddie.
Comme tout produit en crise, la demande s’emballe. Les clients se précipitent dès qu’un magasin est réapprovisionné. Certains supermarchés affichent même des panneaux : « Maximum deux douzaines par client ». Dans les grandes villes, les prix explosent : jusqu’à 11,99 dollars pour une boîte de douze œufs à New York. Même les restaurants n’échappent pas à cette crise. Waffle House, chaîne culte du petit-déjeuner aux Etats-Unis, a ajouté une surcharge de 0,50 dollar par œuf dans ses plats pour compenser la hausse des coûts.
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Un enjeu politique brûlant
Sur TikTok et X (anciennement Twitter), les consommateurs s’indignent, partagent des photos d’étiquettes de prix délirantes et dénoncent l’absence de solutions politiques. Lors de la campagne présidentielle de 2024, Trump a surfé sur cette crise en promettant une baisse des coûts alimentaires dès son retour à la Maison-Blanche. Il a répété dans de nombreux discours de campagne que l’inflation des œufs était le symbole d’un pays en crise et d’une mauvaise gestion démocrate.
De l’autre côté, l’administration Biden a défendu une approche plus stricte sur la grippe aviaire, rappelant qu’abaisser les prix sans contrôle sanitaire pourrait conduire à de nouvelles vagues de contamination. Un débat technique ? Peut-être. Mais pour l’électeur moyen, ce qui a compté, c’est le prix affiché en rayon.
Les prix pourraient augmenter de 20 % en 2025
Selon l’USDA (le ministère de l’Agriculture américain), la situation n’est pas près de s’arranger : une hausse de 20 % est prévue pour 2025.
Plus qu’un simple aliment, les œufs sont devenus un thermomètre de l’économie américaine.
