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Etats-Unis : Pourquoi des Afrikaners sud-africains vont-ils être accueillis comme des « réfugiés » ?

L’Afrique du Sud a officiellement exprimé sa préoccupation auprès des Etats-Unis, vendredi, après la révélation par plusieurs médias américains du projet d’accueil de dizaines d’Afrikaners, ces descendants de colons européens, dès la semaine prochaine. Une mesure directement issue d’un décret signé en février par Donald Trump, qui affirme vouloir protéger cette communauté « persécutée », une déclaration sans fondement selon les autorités sud-africaines.

Dans un message publié sur son réseau social Truth Social, le président américain est allé jusqu’à qualifier la situation de « génocide » : « Ils prennent la terre des fermiers blancs, puis les tuent, eux et leurs familles. » Aucun élément factuel ne corrobore cependant ces accusations.

Sous le statut de « réfugié »

Le ministère sud-africain des Affaires étrangères a confirmé un échange officiel entre le vice-ministre Alvin Burtis et son homologue américain Christopher Landau. Pretoria déplore une instrumentalisation politique : « Il est très regrettable de constater que la réinstallation de Sud-Africains aux Etats-Unis sous le couvert du statut de réfugiés soit entièrement fondée sur des motifs politiques et vise à remettre en question la démocratie constitutionnelle de l’Afrique du Sud. »

Selon le New York Times et la radio NPR, s’appuyant sur des sources anonymes, 54 Afrikaners auraient déjà obtenu le statut de réfugié. Le média The Lever, à l’origine de la révélation, s’est appuyé sur une note interne du ministère américain de la Santé et des Services sociaux (HHS), datée du 30 avril, pour affirmer que le programme est prêt à démarrer dès lundi, si les conditions logistiques le permettent. Des milliers de citoyens sud-africains auraient par ailleurs contacté la Chambre de commerce sud-africaine à Washington.

Une part importante de la population blanche

Les Afrikaners représentent une part significative de la minorité blanche sud-africaine, qui ne constitue plus que 7 % de la population. Pourtant, en 2017, ils contrôlaient encore 72 % des terres agricoles, conséquence directe des politiques de dépossession menées pendant la colonisation et l’apartheid. Ce passé reste sensible : c’est de cette communauté qu’étaient issus les architectes de l’apartheid, démantelé seulement en 1994.

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Face aux accusations américaines, Pretoria se veut ferme tout en respectant les principes de liberté individuelle : « Les allégations de discrimination ne sont pas fondées », insiste le ministère, qui ajoute : « L’Afrique du Sud n’empêchera pas ses citoyens de quitter le pays. » L’administration Trump n’a pas précisé les critères retenus pour justifier l’octroi du statut de réfugié à ces Afrikaners.