Etats-Unis : L’obsession de Donald Trump pour les droits de douane, une si bonne idée pour l’économie américaine ?
Le golf, Sylvester Stallone, le pétrole… Donald Trump se décline en bien des passions, voire obsessions. En économie aussi, le nouveau président américain possède une grande lubie : les droits de douane, qu’il considère comme « le plus beau mot du dictionnaire » (ça en fait trois). Dès son premier mandat, il avait rehaussé de nombreuses taxes d’entrée sur les produits importés. Et pour ce second mandat, il compte bien faire de même, encore plus brutalement.
Lors de son investiture lundi, le républicain a déclaré envisager des droits de douane de l’ordre de 25 % pour le Mexique et le Canada. Et lors de sa campagne, il avait évoqué des taxes allant jusqu’à 60 % pour les produits chinois. Mais cette passion douanière pourrait bien se retourner contre l’économie américaine.
Davantage de taxes, davantage d’inflation
L’équation est simple : « en taxant plus fortement les produits importés, on augmente leur coût de vente sur le sol américain, et donc l’inflation, explique Bernard Keppenne, chef économique de CBC Banque. C’est une mesure paradoxale pour un président qui avait fait du pouvoir d’achat des Américains un de ses axes de campagne. »
D’autant que les Etats-Unis ont beau être la première puissance mondiale, leur balance commerciale est négative. A savoir qu’ils importent bien plus de produits qu’ils n’en exportent. En 2023, les Etats-Unis ont importé 773 milliards de dollars de produits de plus qu’ils n’en ont vendus à l’étranger, et sont donc en « négatif » avec tous les autres grands pôles commerciaux. Chine, Europe, Japon… Les Etats-Unis importent tellement « que selon plusieurs études, si Donald Trump augmente réellement les droits de douane, la facture pourrait être de plus de 78 milliards de dollars supplémentaires par an pour les consommateurs américains ».
Une mesure en faveur de l’économie « locale » ?
Alors bien sûr, l’idée ne vient pas de nulle part non plus. « Donald Trump espère réduire la balance commerciale en augmentant les taxes et en instaurant un rapport de force, afin de contraindre l’Europe, par exemple, à acheter plus de pétrole et de gaz américain dans l’espoir de voir les droits de douane baisser en échange », poursuit Bernard Keppene.
Ensuite, dans un vœu pieux, augmenter le prix des produits importés doit permettre de favoriser l’économie locale en la rendant plus compétitive face aux produits venus de l’étranger. Problème : les Etats-Unis – on l’a dit – importent beaucoup trop, et des produits trop peu chers par rapport au « Made in USA » pour espérer qu’une telle situation ne se produise. Ce que l’expert illustre avec le cas de l’iPhone : « C’est une marque américaine mais il est produit majoritairement en Inde. Et il n’y a aucun scénario où sa production retourne aux Etats-Unis, qu’importent les droits de douane, ce sera toujours moins cher de le produire ailleurs. »
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Preuve de ce pari économique, la très sérieuse Banque centrale américaine a revu à la baisse ses scénarios optimistes sur la baisse des taux en Amérique, un des critères de la désinflation d’un pays.