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Etats-Unis : Les mentions du bombardier Enola Gay visées par la politique anti inclusion de Trump ? C’est vrai

Le bombardier Enola Gay, qui a largué la bombe nucléaire américaine sur le Japon en 1945, est-il trop woke pour l’administration Trump ? Alors que les décrets du président américain ont ouvert la chasse à toute trace de politique d’inclusion et de diversité dans les services gouvernementaux, leur application mène parfois à des situations absurdes.

La nouvelle n’a pas manqué de faire réagir ces derniers jours : le tristement célèbre Boeing B-29 Superfortress est dans le viseur des autorités américaines, comme l’a révélé l’agence américaine Associated Press (AP) vendredi. Le média met en ligne une importante base de données d’images qui ont été signalées pour être supprimées des sites du ministère de la Défense, en alignement avec la politique de censure trumpienne. Bien que plusieurs d’entre elles soient pour le moment toujours en ligne, une recherche dans la base de données permet effectivement de constater la présence d’au moins neuf mentions du bombardier parmi les photos signalées pour être supprimées. Pour la petite histoire, ce dernier a été baptisé ainsi en référence à la mère du pilote Paul Tibbets, nommée Enola Gay Tibbets

Une chasse aux politiques d’inclusion et de diversité

Cette purge fait suite aux consignes données par le secrétaire à la défense de Trump, Pete Hegseth. Comme l’a révélé le magazine Rolling Stone, ce dernier a ordonné au ministère de supprimer toute trace de contenu numérique faisant la promotion de la diversité via une note datée du 26 février. « D’ici le 5 mars 2025, les composantes doivent prendre toutes les mesures possibles, conformément aux exigences de gestion des documents, pour supprimer tous les articles d’actualité et de fond du DoD [ministère de la Défense], les photos et les vidéos qui promeuvent la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI) », intime le document.

Cet ultimatum vise lui-même à faire appliquer les décrets signés par Donald Trump, qui ont notamment pour objectif de « Mettre fin aux programmes gouvernementaux radicaux et inutiles de DEI », et qui ont conduit à la suspension des services et des employés des programmes de diversité. L’administration n’est pas la seule à être la cible des politiques de Donald Trump. C’est aussi le cas de la recherche scientifique, dont la Fondation nationale pour la science (NSF) a fait passer une note interne encourageant les chercheurs à bannir certains termes comme « femme », « race », ou « stéréotypes » de leurs travaux.

Jusqu’à 100.000 images supprimées ?

Comme l’explique l’article d’AP, la plupart des éléments identifiés pour être retirés concernent les femmes et les minorités, ainsi que des mentions de différents mois commémoratifs, notamment dédiés aux communautés noires, hispaniques, et aux femmes. On peut également citer le cas de photos du Corps des ingénieurs de l’armée en Californie, signalées à cause du nom d’un des membres, du nom de… Gay. Parmi tous les documents signalés, plusieurs ont d’ores et déjà été supprimés. Et purge ne devrait pas s’arrêter là.

Bien que la base de données dévoilée comporte environ 26.000 signalements, c’est au total plus de 100.000 images qui pourraient être supprimées en prenant en compte celles publiées sur les réseaux sociaux, d’après les propos d’un responsable anonyme interrogé par AP. Un responsable du corps des Marines a également déclaré que toutes les images de la base de données « ont été retirées ou seront retirées ». Interrogé au sujet de la base de données, un porte-parole du Pentagone a déclaré : « Nous sommes satisfaits de la rapidité avec laquelle l’ensemble du département s’est conformé à la directive supprimant le contenu DEI de toutes les plates-formes. Dans les rares cas où le contenu retiré n’entre pas dans le champ d’application clairement défini de la directive, nous donnons des instructions aux composantes en conséquence ».

Bien que cette base de données ait été créée pour respecter les lois sur l’archivage, « il pourrait être difficile de s’assurer que le contenu a été archivé, car la responsabilité de s’assurer que chaque image a été préservée incombe à chaque unité individuelle », précise AP. De la même façon, même si des captures d’écran des pages visées sont effectuées dans de nombreux cas, il pourrait être difficile restaurer les contenus supprimés en cas de changement d’administration à la tête du pays, selon les propos d’un autre responsable.