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Etats-Unis : Les 1.001 théories qui entourent encore les assassinats des Kennedy et de Martin Luther King

Et si, plus de cinquante après, une autre vérité éclatait ? Donald Trump a ordonné jeudi la déclassification des archives du gouvernement américain sur trois célèbres assassinats. Ceux du président John F. Kennedy (JFK) en 1963, de son frère Robert F. Kennedy en 1968, ainsi que du leader des droits civiques Martin Luther King Jr la même année.

« Beaucoup de gens attendent ça depuis des années, des décennies », a déclaré à la presse le président américain. Avec une promesse : « Tout sera révélé ». Mais alors, à quoi s’attendre ? 20 Minutes s’est penché sur les pistes, plus ou moins crédibles, qui entourent ces trois affaires.

JFK : CIA, mafia et… même extraterrestres

Une voiture décapotable, une longue avenue à Dallas, des coups de feu et un président qui s’effondre. Le 22 novembre 1963 à 12h30, John Fitzgerald Kennedy est assassiné en plein défilé dans la ville texane. Moins de deux heures plus tard, un suspect est arrêté. Lee Harvey Oswald a à peine le temps d’être interrogé, de clamer son innocence qu’il est… lui aussi abattu dans les locaux de la police. Cet ancien commando marine était-il vraiment l’assassin de JFK ? Ou, i selon la commission d’enquête officielle. En 1964, elle a aussi conclu qu’il avait agi seul.

Pas de quoi convaincre tout le monde. Loin de là. En 2013, cinquante ans après les faits, 61 % des Américains doutaient encore de cette version officielle, d’après un sondage Gallup. De nombreuses théories circulent, dont la plus célèbre mène à l’implication de la CIA. Robert Kennedy Jr, le neveu de Bobby, avait fait état dans le passé de « preuves accablantes » concernant le rôle joué par l’agence de renseignement américaine. Qui est soupçonnée, avec le FBI, de complot. Ou de ne pas avoir assez surveillé Lee Harvey Oswald, lequel avait vécu en Union soviétique et avait tenté de rejoindre Cuba. Forcément suspect en pleine Guerre froide…

D’autres pistes mènent notamment à la mafia, certains parrains s’étant vantés d’avoir fait tuer le président. Ou alors à Lyndon Johnson, son successeur à la Maison-Blanche. Son comportement avait surpris dans l’avion transportant le cercueil de JFK, avec ce clin d’œil reçu de la part du sénateur Albert Thomas…

Fidel Castro, alors dirigeant d’un Cuba en pleine crise avec les Etats-Unis, fait également partie des suspects pour certains. Tout comme les extraterrestres ! Car John Fitzgerald Kennedy allait révéler leur existence. Avant de venir à Dallas, il s’était entretenu avec Dwight Eisenhower, l’ancien président qui les aurait rencontrés trois fois. La déclassification des fameuses archives du gouvernement américain pourrait finalement décevoir pas mal de monde sur ce dossier.

Bob Kennedy et son assassin « mal conseillé »

L’affaire suscite ici moins d’imagination. Le frère de John Fitzgerald Kennedy, Robert Francis Kennedy, a été assassiné à Los Angeles le 5 juin 1968. Il était alors en bonne position pour remporter les primaires démocrates en vue de l’élection présidentielle. Le sénateur démocrate venait d’achever un discours à l’hôtel Ambassador quand il a été abattu par Sirhan Sirhan.

Son mobile ? Pour ce Palestinien émigré aux Etats-Unis, RFK manifestait trop de soutien à l’égard d’Israël. « Je l’ai fait pour sauver mon pays », se serait-il écrié après son arrestation. A 24 ans, il avait été reconnu coupable d’assassinat et condamné à mort, avant de voir sa peine commuée en réclusion à perpétuité. Le désormais septuagénaire (79 ans) a demandé sa sortie de prison à plus de quinze reprises, sans réussite. En 2022, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, l’avait ainsi refusée en expliquant qu’il restait « une menace pour la sécurité publique ». Et qu’il refusait toujours « d’accepter sa responsabilité dans ce crime »…

En 2016, Sirhan Sirhan a affirmé qu’il avait trop bu le soir du meurtre et qu’il aurait aimé « que rien ne se soit passé ». Il a aussi assuré que les aveux réalisés lors de son procès n’étaient pas de son propre fait, mais celui d’un avocat qui l’avait « mal conseillé » et l’avait convaincu qu’il était coupable.

Martin Luther King, un complot d’Etat ?

Officiellement, Martin Luther King a été assassiné le 4 avril 1968 par un ségrégationniste blanc, James Earl Ray. Les faits se sont produits sur le balcon d’un motel de Memphis, où il était venu soutenir des éboueurs en grève. Mais est-ce aussi simple ? Ses enfants ont par le passé exprimé des doutes sur la culpabilité de Ray, mort en prison en 1998. L’homme, qui avait mené une cavale de 65 jours avant d’être arrêté en Grande-Bretagne, avait bien avoué les faits. Il avait même plaidé coupable au cours de son procès expéditif de quelques heures en 1969. De façon à éviter la peine de mort…

En 1997, la veuve de MLK a réclamé un nouveau passage au tribunal. « Il faut que le pays ait la certitude que la justice a été au fond des choses dans l’un des crimes les plus graves de l’histoire américaine », avait-elle déclaré. Sans être entendue. De quoi, là encore, alimenter les théories sur cet assassinat.

Et si c’était l’œuvre du tout-puissant directeur du FBI de l’époque, J. John Edgar Hoover ? Le mouvement des droits civiques menaçait alors l’équilibre du pays… Ou est-ce un complot encore plus grand, d’Etat ? James Earl Ray a lui-même alimenté cette thèse en disant avoir été manipulé par un certain « Raoul », un représentant selon lui d’un groupe haut placé.

Dans les années 1990, le propriétaire d’un restaurant de Memphis a entretenu la théorie. A la télévision, il a assuré que l’assassinat de MLK avait été commandité par le gouvernement américain et la mafia. Il se présentait même comme l’organisateur du crime ! A moins que finalement, le meurtrier ne soit un plombier qui aurait pris Martin Luther King pour un communiste. Cette version a aussi circulé. L’ouverture des archives permettra peut-être d’y mettre fin. Comme tant d’autres.