États-Unis : L’amende exorbitante infligée à Greenpeace vécue comme une attaque contre les défenseurs de l’environnement

Greenpeace a été condamnée à verser 665 millions de dollars à l’entreprise Energy Transfer, exploitant du controversé oléoduc Dakota Access Pipeline. Cette décision, rendue mercredi par un jury du Dakota du Nord, a immédiatement suscité une vague d’indignation parmi les organisations de défense de l’environnement et des droits humains, qui dénoncent une tentative de museler l’activisme climatique.
Si l’ONG a annoncé son intention de faire appel, cette condamnation marque une escalade sans précédent dans la répression judiciaire des mouvements écologistes aux États-Unis.
« C’est une offensive sinistre contre le droit de manifester »
Les réactions indignées n’ont pas tardé au sein du mouvement écologiste. Pour le Réseau Action Climat (CAN) international, qui fédère près de 2.000 organisations dans le monde, cette décision est une attaque directe contre la liberté d’expression et la mobilisation pacifique. « C’est une offensive sinistre de ‘Big Oil‘ contre le droit de manifester », dénonce Tasneem Essop, directrice exécutive du réseau.
L’ONG 350.org partage cette inquiétude et voit dans ce jugement une tentative d’intimidation à grande échelle. « Ce n’est pas seulement une attaque contre Greenpeace, mais une agression effrayante contre l’ensemble du mouvement climatique », estime Anne Jellema, sa directrice exécutive. Même indignation du côté de Transparency International, qui s’interroge sur le fondement juridique d’une telle sanction.
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Un « détournement judiciaire »
Rebecca Brown, du Centre pour le droit international de l’environnement (CIEL), va plus loin : « Ce détournement du système judiciaire étouffe les contestations légitimes et doit être vu comme une menace directe contre la justice environnementale et les libertés démocratiques. »
Face à ces attaques, les organisations écologistes promettent de ne pas se laisser intimider. « De telles tactiques ne nous dissuaderont pas. Elles ne feront que renforcer notre engagement en faveur de la résistance et du droit à manifester, protégé par la Constitution », assure Rebecca Brown.
Un conflit judiciaire qui remonte aux mobilisations contre le Dakota Access Pipeline
À l’origine de cette décision judiciaire se trouvent les mobilisations historiques de 2016 et 2017 contre le Dakota Access Pipeline, un projet pétrolier controversé qui traverse des terres autochtones et menace des réserves d’eau potable.
Des milliers de manifestants, parmi lesquels des membres de Greenpeace, avaient bloqué le chantier, entraînant des affrontements violents avec les forces de l’ordre et des centaines d’arrestations.