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Etats-Unis : Joe Biden met son veto sur la vente d’U.S. Steel au géant japonais Nippon Steel

La décision est susceptible de tendre les relations entre Washington et Tokyo. Dans un geste fort et hautement politique, Joe Biden a décidé de bloquer l’acquisition de U.S. Steel par le géant japonais Nippon Steel. « Placer l’un des plus grands producteurs américains d’acier sous contrôle étranger poserait des risques pour notre sécurité nationale et nos chaînes d’approvisionnement essentielles », a justifié le président américain.

Première puissance importatrice d’acier, les Etats-Unis se retrouvent face à un secteur mondial dominé par la Chine. Cette fusion, initialement annoncée en décembre 2023, suscite depuis de vives réactions dans les cercles économiques et politiques des deux pays concernés. Conscient des conséquences diplomatiques possibles, Joe Biden a néanmoins affirmé qu’il « n’hésiterait jamais à agir pour protéger la sécurité de ce pays et son infrastructure ».

Soutien syndical et réactions des marchés

Le blocage a reçu le soutien du syndicat des métallurgistes USW, qui a salué une décision visant à « maintenir une industrie de l’acier forte dans le pays ». Le syndicat a aussi appelé U.S. Steel à « prendre les décisions nécessaires pour développer l’entreprise et la garder rentable ». Toutefois, les marchés ont sévèrement réagi. Le titre U.S. Steel a chuté de 6,72 % à Wall Street, s’échangeant à 30,41 dollars.

En revanche, Nippon Steel et U.S. Steel ont critiqué cette décision dans un communiqué commun, dénonçant une « violation manifeste de l’application régulière de la loi ». « Le processus a été manipulé afin de pousser l’agenda politique du président Biden », ont-ils ajouté avec fermeté.

Conséquences électorales et diplomatiques

Alors que Joe Biden a œuvré ces dernières années à renforcer les alliances des Etats-Unis, notamment avec le Japon, ce dossier illustre un choix assumé de privilégier les intérêts nationaux. L’affaire s’inscrit par ailleurs au cœur de la campagne présidentielle américaine de 2024, touchant directement la Pennsylvanie, un Etat clef sur le plan électoral et historique berceau de l’industrie sidérurgique américaine.

Le président élu Donald Trump, qui doit reprendre le pouvoir le 20 janvier, avait lui aussi affiché son opposition au rachat. Ayant mené campagne sur un discours de souveraineté économique et de protectionnisme, il avait promis qu’il bloquerait l’opération, qualifiée d’« amicale » par ses promoteurs.

Des garanties jugées insuffisantes

Face aux réticences de l’administration Biden, Nippon Steel avait tenté d’apaiser les craintes américaines en proposant des garanties substantielles. Parmi elles, figuraient un droit de veto du gouvernement américain sur toute réduction de la production, l’engagement de maintenir l’emploi, ainsi qu’un programme d’investissement de 2,7 milliards de dollars dans les sites industriels. L’aciériste japonais avait également promis une prime de 5.000 dollars pour chaque salarié d’U.S. Steel en cas de rachat.

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Malgré ces offres, la Maison-Blanche a choisi de privilégier une ligne dure, justifiée par la nécessité de « combattre la menace concurrentielle de la Chine » et de sécuriser l’industrie sidérurgique nationale. La décision marque un tournant protectionniste, avec des répercussions potentielles sur les relations internationales et le paysage économique des Etats-Unis.